Xiaomi travaille sur l'île de Silicium, située au large de la Chine, où les appareils électroniques du monde entier sont envoyés au recyclage. Comme elle, des milliers de migrants sont attirés sur cette île polluée par la promesse d'une vie meilleure. Mais ceux que l'on surnomme les "déchetiers" demeurent à la merci de puissants chefs de clan. Alors qu'un conflit se trame entre les trois clans rivaux, des investisseurs américains et des écoterroristes, Xiaomi découvre les débris d'une mystérieuse prothèse qui risque de changer le cours de leurs destins.
Note : 1 / 5
L'avis de mon chéri :
Entrons immédiatement dans le vif du sujet, L'Île de Silicium m'a fait l'effet d'un ovni, dans le mauvais sens que cela implique.
L'absence de mise en place claire empêche de situer l'action géographiquement et temporellement. Beaucoup d'éléments éparses confluent vers l'idée d'une technologie avancée et l'on serait donc dans de la science-fiction, or le cadre de l'île paraît extrêmement réaliste et contemporain. Bien sûr, cela rejoint l'idée selon laquelle l'anticipation n'est qu'une extrapolation de la société contemporaine et sert à accentuer ses travers pour les rendre plus visibles. Mais nous sommes ici dans une sorte d'entre-deux qui tend plutôt vers la sociologie classique. L'enjeu semble seulement de dénoncer les vices cachés de l'île et surtout sa gestion corrompue. Dans ce cas, la forme d'un essai, mieux documenté, aurait été préférable. En effet, passé ce problème de contexte, toute l'intrigue va dans ce sens de drame sociologique.
À l'introduction manquante se substitue une ouverture sur une réunion entre un gouvernement extérieur et un des chefs de clan de l'île. Avant même de savoir quoique ce soit du cadre, nous sommes jetés dans un conflit d'intérêts et de pouvoir abscons puisque nous ne savons rien des protagonistes ni des tenants et aboutissants de la négociation. Ceci est malheureusement symptomatique dans l'écriture de Chen Qiufan. Les personnages s'enchainent, se rejoignent ou non, disparaissent, réapparaissent, dans une tentative de roman chorale maladroit où aucune des intrigues ne s'imbriquent vraiment assez pour former un terreau propice à l'émergence d'un fil conducteur. Les quelques excursions dans le futur au travers notamment des vestiges de mechas obsolètes ou des drogues de synthèse offrant des shoots de VR offrent une bonne dose d'originalité et d'idées intéressantes à explorer. Seulement ce n'est absolument pas le cœur du propos et cela reste traité de manière très superficielle, au profit du développement de luttes de pouvoir internes plus proche du genre polar mafieux.
Quel qu'en soit le sujet, un roman peut toujours être rattrapé grâce à un style agréable, le choix de l'auteur de porter toute l'attention sur des relations et dialogues sommes toutes triviaux dénonce le dernier défaut de l'ouvrage, un style pénible qui va de pair avec cette ambiance. Les chapitres s'alourdissent constamment de passages descriptifs sans relief. L'on s'attarde un peu trop souvent sur le paysage de cette île poubelle et ce n'est pas le vocable qui la rendra plus accueillante, nous en restons à la surface nauséabonde et morne.
Comme l'ovni, L'Île de Silicium a attisé ma curiosité et le badaud que je suis s'en est allé sur le lieu du crash mais est resté pantois face à cet objet hors d'atteinte dans lequel il n'a pas réussi à entrer. Je laisse la chance à l'équipe de spécialistes (toujours charmer le lectorat) à tirer ses propres conclusions plus informées que les miennes qui pensait avoir affaire ici à de la science-fiction.
L'île de Silicium23,00€ / 416 pages / 9782743657840
Hé, bien, je vais éviter de m'y attarder.
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