samedi 29 avril 2017

La fille qui navigua autour de Féérie dans un bateau construit de ses propres mains - Catherynne M. Valente



La fille qui navigua autour de Féérie dans un bateau construit de ses propres mains - Catherynne M. Valente

Septembre a douze ans et aspire à l'aventure. Quand le Vent Vert et le Léopard des Petites Brises l'invitent en Féérie, bien sûr, elle accepte. Elle découvrira qu'elle seule peut libérer Féérie de la main de fer de la Marquise. En compagnie d'un Vouivriothèque, elle perdra son coeur, ses chaussures, son ombre et son chemin, mais trouvera le courage, une Cuiller et bien plus encore...

Note : 4 / 5


Une magnifique couverture qui attire le regard, un titre qui fait sourire tant il est long et un résumé qui nous promet un voyage qui n'a rien à envier aux contes classiques : je veux en être !

Et l'aventure n'attend pas : dès les premières pages, Septembre et le lecteur partent pour Féérie où les différentes rencontres et événements vont l’amener à sauver ce monde qui, depuis que la Marquise a pris le pouvoir, est bouleversé.

Et quelles rencontres, quels événements ! Les créatures fantastiques ne manquent pas et les situations loufoques et absurdes s'enchaînent. Notre héroïne va trouver un ami en A-à-L, un Vouivre qui pense que son père est une bibliothèque et qui, comme son nom l'indique, connaît la définition de tous les mots de a à l. Elle va aussi rencontrer des sorcières et un Lou-Garou, sans p, car contrairement aux Loup-Garous il se transforme en humain à la pleine lune et est un loup le reste du temps (et il vaut mieux se méfier de lui quand il est humain !)

Je me suis beaucoup attachée à Septembre qui est un petite fille très sage et intelligente sans pour autant être niaise comme les petites filles des contes classiques. De manière générale, l'auteure a vraiment réussi à rester originale en reprenant pourtant beaucoup d'éléments de contes connus.

J'ai vraiment adoré l'univers de l'auteur, son imagination qui m'a fait penser à tous mes livres préférés comme L'Histoire Sans Fin, Alice au Pays des Merveilles ou Les Chroniques de Narnia Il y a d'ailleurs plein de références à ces contes classiques : Septembre fait son entrée en Féérie en tombant dans la mer, une eau salée qui pourrait très bien être faite des larmes d'Alice ; alors qu'une autre enfant passe par une armoire pour rejoindre ce monde fantastique. Ce livre m'a beaucoup fait sourire, m'a rendu nostalgique. Certaines situations complètement loufoques permettent cependant de parler de choses de la vraie vie, et je trouve que c'est vraiment la meilleure façon de le faire.

J'ai aussi vraiment adoré le narrateur qui est très présent. Il fait très souvent des pauses dans le récit pour parler au lecteur, nous livrer certaines choses que Septembre ne sait pas et que l'on ne devrait pas savoir non plus à ce stade du récit. C'est vraiment un personnage à part entière et il m'a beaucoup fait penser au narrateur de L'Histoire Sans Fin, qui aime lui aussi briser le quatrième mur.

Cependant, j'ai trouvé que le récit s'essoufflait un peu vers la fin, et je n'ai pas compris ce besoin de mettre tant de violences au sein du récit. Certains moments sont vraiment durs et cassent un peu l'aspect conte qui normalement n'a pas besoin de violence pour instaurer une ambiance pesante, forte émotionnellement. La fin m'a pourtant vraiment surprise !

Le roman de Catherynne M. Valente est vraiment un hommage à tous ces contes que l'on a tous lu en étant petit. J'ai vraiment adoré mon voyage, j'ai trouvé ce livre fort et l'imagination de l'auteure vraiment étonnante ! J'aurais pu suivre Septembre indéfiniment à la découverte de Féérie.

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Univers merveilleux, fantastique et parfois absurde :
  

mercredi 19 avril 2017

Royaume de vent et de colères - Jean-Laurent Del Socorro

Royaume de vent et de colères - Jean-Laurent Del Socorro

1596. Deux ans avant l'édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s'oppose à Henri IV, l'ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi. À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme. Les pions sont en place. Le mistral se lève. La pièce peut commencer.

Note : 3,5 / 5


La fantasy historique, ou plus précisément l'uchronie, est un genre que j'apprécie beaucoup. Dans Royaume de vent et de colères, la fantasy est vraiment très légère et ne chamboule pas vraiment le contexte connu. Jean-Laurent Del Socorro a pourtant réussi à vraiment m'intéresser, notamment grâce à son style et à la forme de son livre.

Le livre est découpé en trois parties. La première nous permet de saisir le contexte : 1596, Marseille est encore une ville indépendante que le roi Henri IV projette de reprendre par la force. L'auteur nous introduit aux personnages alors qu'ils se trouvent tous à l'auberge La Roue de la Fortune. L'auteur nous les montre dans leur quotidien : Axelle s'occupant de ses clients, Gabriel s'entraînant à l'escrime, Armand et Roland en fuite qui arrivent enfin à Marseille, Victoire qui se prépare à une ultime mission et enfin Silas, un personnage un peu à part. Mais cette guerre inévitable va rappeler aux personnages leur passé qui va nous être conté dans la deuxième partie alors que la dernière nous plonge au cœur de la bataille.

L'histoire est donc assez simple, l'auteur reprenant un moment important de l'histoire de la ville de Marseille. La forme du livre n'est cependant pas anodine et donne beaucoup de profondeur au récit : les chapitres nous permettent à chaque fois de suivre l'histoire d'un point de vue différent. Les personnages étant dès le début très proches les uns des autres, leurs pensées se font très souvent écho, ils s'adressent mentalement l'un à l'autre, se répondent... C'est vraiment très bien fait et le lecteur n'est jamais perdu car chaque personnage a ses particularités stylistiques : le récit de Gabriel est rythmé par les douleurs de son vieux corps, Victoire est fataliste et ses passages sont très lents, Axelle est obsédée par le chiffre cinq... Les chapitres sont très courts (deux ou trois pages en moyenne) et donnent un rythme très rapide au récit. On ressent vraiment l'urgence de la situation, c'est maîtrisé et très jouissif à lire.

Et on s'attache beaucoup à tous ces personnages. Ces personnages qui veulent vivre et en finir avec leur passé. Passé qui les hante mais qu'ils finissent par embrasser. Ils vont aller de l'avant et se battre pour ce qui leur est cher. J'ai particulièrement aimé les personnages féminins, Axelle et Victoire, qui sont vraiment fortes. Armand m'a beaucoup touché aussi, c'est un personnage torturé mais sa relation avec Roland fait ressortir beaucoup de douceur de lui.

Le style de l'auteur a cependant aussi quelques défauts. J'ai trouvé le récit très froid car il ne fait presque que relater des faits. On a beau avoir un narrateur interne et suivre plusieurs personnages, on ne ressent que très peu leurs émotions. Jean-Laurent Del Socorro nous parle beaucoup de théâtre lors de son interview à la fin du livre, et son style s'en inspire en effet beaucoup, selon moi très proche de la neutralité des didascalies. Malheureusement, cela m'a un peu gêné. Et je regrette quand même un peu que le côté fantasy ne soit pas plus poussé, même si je comprends le choix de l'auteur.

Royaume de vent et de colères est un livre vraiment ambitieux. Maîtrisé, son récit nous permet de suivre plusieurs personnages, de les comprendre et de réellement s'attacher à eux. C'est aussi un moment important de l'histoire de France qui nous est conté avec justesse. Mais c'est surtout sa forme et son style qui rendent ce livre vraiment intéressant et passionnant. Merci à J'ai Lu et au forum Mort-Sûre pour la découverte de ce livre.

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Fantasy historique :
  

samedi 15 avril 2017

Planetfall - Emma Newman

Planetfall - Emma Newman

Touchée par la grâce, Lee Suh-Mi a reçu la vision d’une planète lointaine, un éden où serait révélé aux hommes le secret de leur place dans l’Univers. Sa conviction est telle qu’elle a entraîné plusieurs centaines de fidèles dans ce voyage sans retour à la rencontre de leur créateur. Vingt-deux ans se sont écoulés depuis qu’ils sont arrivés là-bas et qu’ils ont établi leur colonie au pied d’une énigmatique structure extraterrestre, la Cité de Dieu, dans laquelle Lee Suh-Mi a disparu depuis lors. 
Ingénieur impliquée dans le projet depuis son origine, Renata Ghali est la dépositaire d’un terrible secret sur lequel repose le fragile équilibre de la colonie, qui pourrait voler en éclats avec l’entrée en scène d’un nouveau membre, un homme qui ressemble étrangement à Suh-Mi, trop jeune pour faire partie de la première génération de colons...

Note : 3,5 / 5


Alors que la couverture ne m'inspirait pas du tout (la modélisation 3D dans ce genre me semble un peu dépassée) le résumé de Planetfall a su révéler tout son potentiel et tout de suite m'intéresser. Une fois le livre terminé, quelques questions demeurent, mais j'ai trouvé l'histoire et ses mystères vraiment passionnants ! Pour une auteure habituée à écrire de la fantasy, j'ai trouvé ce premier roman de SF vraiment réussi !

Ce livre va nous permettre de suivre Ren, une ingénieure membre du projet de colonisation de la planète de Dieu depuis son début. Le récit à la première personne nous plonge directement au cœur de la nouvelle société qui s'est construite sur cette planète, toute proche d'une étrange cité-créature qu'ils pensent être la demeure de Dieu. Il faut un petit moment au lecteur avant d'assimiler toutes les particularités de cette colonie : l'utilisation des imprimantes 3D, leur politique de recyclage et, surtout, leur étrange cérémonie de la graine.

L'auteure nous laisse volontairement dans le noir, car la plupart des colons eux même ne connaissent pas toute la vérité. Petit à petit, le lecteur se rend en effet compte que Ren cache de terribles secrets. L'arrivée de Sung-Soo, qui se dit le fils d'un des membres de l'équipage dont la navette s'est écrasée lors de l'arrivée sur cette planète, va lui rappeler les mensonges sur lesquels s'est construite leur colonie.

Les réponses arrivent au compte goutte mais on ne s'ennuie jamais. Le final est vraiment grandiose et intense. J'ai trouvé le récit très maîtrisé même si, comme souvent, la première personne m'a une nouvelle fois gênée. Ren s'attarde beaucoup sur ses ressentiments, sa culpabilité, et rend toutes les scènes d'action très froides. Elle ne sont pas très bien décrites et beaucoup trop en retrait. Ren va réussir à nous faire ressentir tout son désespoir pourtant exagéré lors de la découverte de l'intérieur de sa maison par le reste de la communauté, et rester très neutre lors de l'attaque finale. Il y a un déséquilibre vraiment décevant entre les scènes.

Mais ce qui m'a vraiment passionné, ce sont tous les questionnements théologiques et les réflexions sur notre monde, sur notre humanité, qui sont posés. Sung-Soo est né sur cette planète, alors que Ren a encore des souvenirs de la Terre. Ces deux visions vont se confronter et mettre en lumière tous les problèmes que l'on a créé sur Terre. Pour autant, leur société sur cette nouvelle planète a beau sembler parfaite, nombreux sont les colons qui ne sont pas heureux.
L'auteure soulève des questions classiques (Dieu existe-t-il ? Sommes-nous seuls dans la galaxie ?) que cette étrange cité-créature arrive cependant à transcender. Ce livre m'a beaucoup fait réfléchir, et m'a fait voir certaines choses différemment. J'ai trouvé qu'il y avait un petit côté Prometheus de Ridley Scott, avec une ambiance différente mais une pensée beaucoup plus aboutie.

Je ne peux pas vous en dire beaucoup plus au risque de vous gâcher la lecture. Le résumé éditeur est d'ailleurs très bien fait, il en dit juste ce qu'il faut pour donner envie. Dans tous les cas, c'est une lecture que j'ai beaucoup apprécié. J'ai aimé rassembler les pièces du puzzle et découvrir les horribles secrets de cette colonie et cette cité de Dieu. J'ai un peu moins aimé suivre le personnage principal, Ren, et cette première personne qui gâche un peu la lecture selon moi. Mais la fin le vaut.

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Découverte et colonisation de planètes :
  

mercredi 12 avril 2017

Le mois de Nathalie Dau - ❤ Le livre de l'Énigme, tome 1 : Source des tempêtes

Le mois de Nathalie Dau
Le blog Book en Stock propose en ce mois d'Avril de se retrouver autour des livres de Nathalie Dau, auteure de la série Le livre de l'Enigme chez Les Moutons Électriques que je vous présente aujourd'hui. N'hésitez pas à venir échanger avec l'auteure et d'autres blogueurs sur les différents sujets de l'événement sur Book en Stock.
Encore une fois merci à Dup et Phooka, à Nathalie Dau et aux acteurs de la maison Les Moutons Electrique pour ce chouette événement.


Le livre de l'Énigme, tome 1 : Source des tempêtes - Nathalie Dau

Les ténèbres ont un cœur de lumière. Je l’ai su quand j’ai vu l’enfant dans la tempête. J’ai entraperçu l’azur de sa magie étrange et intense, mon univers s’est métamorphosé. Moi qui me sentais si seul, si désespéré, j’ai découvert soudain pourquoi j’étais venu au monde : pour protéger celui qu’on m’a donné pour frère. Un frère pas tout à fait humain, pas tout à fait possible. Le protéger des autres et de lui-même : des décisions qu’il voudrait prendre afin de résoudre sa maudite Énigme. Car ce petit est doué pour se mettre – nous mettre – en péril ! Mais j’ai la faiblesse de croire que je suis plus têtu que lui.

Note :  coup de coeur

Ce premier tome du Livre de l’Énigme de Nathalie Dau m'a passionné dès les premières pages. La perspective de suivre toute la vie d'un personnage m'a vraiment enchanté, et ce même si l'énigme s'avère être une prophétie, procédé que je n'aime habituellement pas car beaucoup trop utilisé. L'intrigue est pourtant vraiment maîtrisée, le monde très riche et captivant et vous verrez que cette prophétie, au final, est plus une malédiction qu'autre chose.

Cerdric, le personnage qui nous conte son histoire, est une erreur. A cause de cette étrange prophétie qui plane telle une épée de Damoclès au dessus de la tête de son père, il a été conçu dans l'urgence, sans amour. Et au final, il n'est même pas l'élu de cette prophétie. Réfractaire, il ne peut ni exercer la magie ni en recevoir les bénéfices, alors que l'élu est censé ramener l'équilibre et refaire vivre l'ordre des mages bleus.

Je me suis beaucoup attachée à ce personnage mal aimé, gourmand de tendresse que personne ne veut pourtant lui donner. Son enfance est vraiment horrible, solitaire. Il aurait tous les droits d'enrager, de crier à l'injustice. S'il a quelques moments de faiblesse (qui vont d'ailleurs encore plus le mener à sa perte), c'est un personnage torturé mais terriblement humain qui sait reconnaître la détresse et veut tout faire pour que personne ne connaisse une vie comme la sienne.

Et ses rares moments de bonheur vont au final l'entraîner à la suite de Ceredawn, le véritable élu de la prophétie. Alors qu'il aurait tout pour être jaloux, Cerdric va être troublé par ce jeune garçon hanté par des mages du passé et dont le pouvoir est parfois dévastateur et très difficile à contrôler. Toute la tendresse qu'il n'a jamais eu, il va la donner à Ceredawn et l'aider dans sa quête, prophétie qui l'emprisonne et qui est sa malédiction autant qu'elle l'a été pour Cerdric.

J'ai terminé ma lecture dans le parc du château de Pourtalès
Vu que le livre prend en quelque sorte la forme de mémoires, on suit vraiment chaque pas du personnage. Le récit est donc plutôt lent et très descriptif, l'auteure s'attardant sur tous les petits détails. Pourtant, je ne me suis pas du tout ennuyée. Au contraire, j'ai vraiment adoré m'immiscer dans la vie de Cerdric, voir le personnage se construire et ainsi mieux le comprendre.

Et la vie de Cerdric est intéressante car elle est loin d'être banale. L'intrigue que développe l'auteure autour de cette étrange prophétie est vraiment complexe. Mais malheureusement, comme toujours avec les prophétie, on ne la comprend pas vraiment, mais les personnages non plus. Et au final j'ai adoré la manière dont l'auteure a utilisé la prophétie : les personnages sont tellement obnubilés par elle qu'ils font des tas d'erreurs. Cette prophétie est censée ramener l'équilibre, mais fait beaucoup de tord à ceux qui sont censés l’accomplir. Au final, vaut-elle le coup que Ceradawn se sacrifie, lui qui n'est qu'un enfant ?

Ce livre est vraiment différent de la fantasy que j'ai pu lire jusque là et c'est ce que j'ai adoré. Le récit est parfois vraiment dur, la sexualité est très souvent au centre de l'histoire et dérange, les personnages ont plein de défauts mais sont très humains et nous touchent. L'univers peut sembler assez classique mais est riche de tous ces conflits politiques, raciaux, moraux ou religieux que l'auteure développe avec justesse dans ce premier tome.

Le destin de Cerdric et Ceredawn qui semble tout tracé m'a vraiment passionné. Je me suis énormément attachée à eux, j'ai adoré découvrir leur histoire et leur monde, tous les deux déchirés et attendant un renouveau, une libération. La fin nous permet d'entrevoir le quotidien que va subir Ceredawn au Séminaire, et il présage de nouvelles épreuves. J'ai vraiment hâte de lire la suite ; non, j'en ai besoin.

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Interviews de Nathalie Dau (auxquelles vous pouvez participer en commentant !) :

mercredi 5 avril 2017

La Cité des Méduses - Emmi Itäranta



La Cité des Méduses - Emmi Itäranta

“Je rêve encore de l’île. Parfois je m’en approche par les eaux, mais le plus souvent par la voie des airs, comme un oiseau, le grand vent sous mes ailes.” 
C’est sur cette île, dans la cité des Méduses, qu’ Eliana, citoyenne modèle, a grandi. Tisseuse au palais des Toiles, elle s’acquitte chaque jour avec application de sa tâche, dissimulant au monde un lourd secret. Sa solitude prend fin lorsqu’une intruse est découverte dans le palais, la langue coupée. D’où vient-elle? Que fait-elle ici? Le seul indice tient en un prénom tatoué sur sa main: ”Eliana”. Les deux jeunes femmes se retrouvent bientôt au coeur d’une machination orchestrée par le Conseil. 
Et si, pour survivre et sauver l’île des eaux qui commencent à envahir les rues, Eliana n’avait d’autre solution que de faire appel à ce don qu’elle avait jusqu’alors considéré comme une malédiction : rêver.

Note : 3,5 / 5


Un résumé envoûtant qui pourrait presque faire penser à une dystopie, une couverture magnifique qui pose déjà l'ambiance : ce livre m'a tout de suite intrigué et même si le début est laborieux et la fin trop mystérieuse, j'ai beaucoup apprécié ma lecture. Merci à Netgalley et aux éditions Presses de la Cité de m'avoir permis de lire ce livre.

L'auteure nous lâche sans préambule au milieu de cette société que l'on ne connait pas et qui est très différente de la nôtre. De ce fait, le lecteur ne comprend pas tout au début, les chapitres s'enchaînent, on suit le quotidien d'Eliana, tisseuse au Palais des Toiles, en étant complètement perdu. Cela peut paraître agaçant, mais l'auteure nous donne heureusement petit à petit les clés de son univers.

Ce mystère nourrit aussi l'ambiance du livre. Une ambiance que j'ai adoré, à la fois très calme devant la routine des journées d'Eliana, et inquiétante car, si on ne comprend pas tout tout de suite, on se rend pourtant bien compte que certaines choses clochent dans cette société.

L'histoire fait définitivement penser à une dystopie. Au fur et à mesure, on comprend qu'il existe plusieurs autres Palais qui servent plus ou moins à faire rentrer le peuple de l'île dans des cases. Rêver est considéré comme une maladie contagieuse, et ceux qui rêvent sont enfermés au Palais des Impurs. Les origines de l'île sont mystérieuses. Tous les habitants doivent aussi participer régulièrement à un étrange rituel où ils se font tatouer. Et c'est l'intruse, Valeria, qui entre soudainement dans la vie d'Eliana, qui va chambouler toutes ses croyances et ses habitudes et lui faire ouvrir les yeux.

J'ai beaucoup aimé les personnages, même si j'ai parfois eu du mal à croire qu'Eliana avait 24 ans. J'ai adoré sa relation avec Valeria, la médecin Alva et son frère. La narration à la première personne est pourtant étonnement en retrait, presque pudique, mais reflète de ce fait tellement bien Eliana qu'on lui pardonne le manque de descriptions. La plume de l'auteure est très poétique, très imagée et certaines scènes vont longtemps me hanter.

Je n'arrive cependant pas vraiment à savoir si j'ai aimé ce livre ou non. Trop de mystères demeurent, trop de choses restent très vague une fois le livre terminé. C'est au lecteur de réfléchir, de trouver des raisons à certaines choses, et c'est ce qui m'a un peu déçue. J'ai l'impression d'être passée à côté de certains éléments. Pourtant, j'ai été vraiment transportée durant ma lecture. J'ai aimé découvrir l'univers d'Eliana, son quotidien sur cette île. J'ai eu envie de me battre avec elle, de me rebeller et le style très imagé de l'auteure m'a vraiment marqué. Dans tous les cas, La Cité des Méduses est un livre vraiment spécial et, surtout, une dystopie très différente des autres par sa forme.

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Rêves et cauchemars :
  

samedi 1 avril 2017

Les Abîmes d'Autremer, Intégrale - Danielle Martinigol



Les Abîmes d'Autremer, Intégrale - Danielle Martinigol

Dans la Confédération des Cent Mondes, Sandiane Ravna, fille d’un grand reporter peu scrupuleux, marche sur les traces de son père à la recherche du scoop à tout prix. Quand elle doit la vie sauve à un Abîme d’Autremer, l’un des mystérieux vaisseaux spatiaux de la planète-océan, elle se met au défi de filmer en action un perl, un pilote d’Abîme. Mais elle se heurte à Mél Maguelonne, futur pilote lui-même et farouche adversaire des médias comme tous les Autremeriens. 
Le début d'une folle aventure qui va bouleverser sa vie, comme celle des milliards d’habitants de la Confédération.

Note : 4 / 5


Le Space-Opera est mon genre préféré. J'aime me perdre dans l'immensité de l'espace et découvrir de nouvelles planètes, de nouvelles races et leurs cultures. Mais si je suis assez familière avec ce genre, je n'avais encore jamais lu un Space-Opera jeunesse, et j'avais donc très hâte de découvrir comment Danielle Martinigol allait s'en sortir avec ce genre très riche qui ne se prête pas forcément à ce public. Merci aux acteurs du tout jeune et ambitieux label Naos (ActuSF, Mnémos, Les Moutons Électriques) d'avoir rassemblé les trois tomes de La trilogie des Abîmes dans cette intégrale qui a su m'épater.

Le premier tome nous plonge tout de suite dans le feu de l'action : le personnage principal, Sandiane, participe au voyage inaugural d'un vaisseau lorsqu'une partie de celui-ci explose. Au milieu du chaos, Sandiane et son père, en grands reporters, décident de filmer en direct le naufrage du vaisseau. Clou du spectacle : un Abîme (de gigantesques vaisseaux, les meilleurs de la galaxie, que seuls les habitants de la planète Autremer savent utiliser) vient sauver les passagers du vaisseau en perdition. Les questions autour de ces Abîmes resurgissent, et Sandiane va tout faire pour percer les secrets des Autremeriens.

Même s'il nous permet de découvrir la planète Autremer, leur culture et leurs vaisseaux si particuliers, ce premier tome est celui que j'ai le moins aimé. La faute, tout d'abord, à un personnage principal que je n'ai su apprécier. Sandiane est arrogante, sans gêne et absolument insupportable. Même lorsqu'elle finit par changer de camp, je n'ai jamais réussi à m'attacher à elle. Ce premier tome est aussi centré sur les mystères des Autremeriens, or j'ai tout de suite deviné quelles étaient les particularités de leurs Abîmes. Je me suis donc beaucoup ennuyé dans ce premier tome, d'autant plus que les thèmes abordés m'ont semblé déjà vu.

Le deuxième tome est celui que j'ai préféré. Je ne vais pas vous le résumer car je serais obligée de vous dévoiler les secrets des Autremeriens, mais l'histoire se passe 15 ans plus tard, on découvre que Sandiane a eu une fille et qu'Autremer va accueillir une émission de télé-réalité d'un nouveau genre autour des Abîmes. Contrairement au premier tome, j'ai adoré les personnages de cette deuxième époque. Aëla, la fille de Sandiane, n'est vraiment pas une fille comme les autres. J'ai aimé sa sensibilité, sa façon de parler en si peu de phrases, en disant toujours ce qu'il faut, j'ai aimé son lien avec les vaisseaux et le mystère qui plane toujours autour d'elle. Il y a aussi Corian, qui va participer à l'émission, et Djem, un jeune garçon très prometteur dans le milieu du journalisme. Ce deuxième tome m'a vraiment ému, il transporte le lecteur au delà des frontières de l'espace connu des humains et nous en apprend toujours plus sur les Abîmes.

Le dernier tome cloue cette épopée en beauté. On va découvrir les limites des Abîmes et leur dangerosité car ces vaisseaux restent un mystère même pour leurs pilotes. Heureusement, les Abîmes vont permettre aux humains d'entrer en contact avec une race extra-terrestre qui pilote elle aussi... des Abîmes ! Vous vous en doutez, j'ai adoré faire cette découverte avec les personnages. Personnages que l'on connaît car cette dernière époque se passe 10 ans plus tard aux côtés d'Aëla qui pilote enfin son propre Abîme, de Corian et de Djem.

Danielle Martinigol nous propose ainsi de traverser les époques aux côtés des Abîmes d'Autremer. Devant leurs étonnantes particularités, la société va changer, le monde va continuer d'avancer et d'aller de découverte en découverte. C'est un récit vraiment ambitieux et humain. Le lecteur s'attache vraiment à cette famille qu'il va suivre tout au long des livres et c'est un procédé vraiment intéressant, nous permettant de découvrir tous les paradoxes du genre humain. Et on ne peut rester de marbre devant les Abîmes, ces vaisseaux font vraiment tout le livre !

J'ai aussi adoré l'omniprésence des médias et les réflexions que l'auteure développe autour de ce sujet, principalement autour de leurs méthodes qui ne sont pas toujours très morales. Le début de chaque chapitre présente toujours un extrait d'un article d'un média quel qu'il soit. Dans chaque époque, il y a un personnage journaliste qui permet de parler d'un aspect de ces médias si controversés.

Enfin, le style de l'auteur, s'il peut déstabiliser certains lecteurs, m'a vraiment plu. Elle utilise en effet beaucoup d'ellipses, le récit peut sembler froid car son style est direct mais très en retrait des événements. Elle ne s'attarde pas beaucoup sur les descriptions. C'est pourtant un style très cohérent car très journalistique : on pourrait penser que ce que l'on est en train de lire a été écrit par un journaliste du livre, c'est donc très bien pensé !

En tant qu'amatrice de Space-Opera, ce livre ne m'a cependant pas complètement transporté. L'auteure ne va pas très loin, il y a quelques facilités scénaristiques, et les particularités des Abîmes ont déjà été vues dans de nombreux autres livres de science-fiction. Pourtant, Danielle Martinigol m'a vraiment bluffé car, selon moi, le pari est réussi : ce livre réunit justement avec justesse tous les codes du genre afin d'initier les jeunes lecteurs au Space-Opera. J'aurais adoré lire ce livre dans ma jeunesse. Et aujourd'hui, je vais adorer le conseiller aux jeunes lecteurs. 

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Space Opera :