mercredi 27 janvier 2021

Les metamorphoses, tome 1 : Vita Nostra - Marina et Sergueï Diatchenko


Les metamorphoses, tome 1 : Vita Nostra- Marina et Sergueï Diatchenko

Vita nostra brevis est, brevi finietur... 
« Notre vie est brève, elle finira bientôt... » 
C’est dans le bourg paumé de Torpa que Sacha entonnera l’hymne des étudiants, à l’« Institut des technologies spéciales ». Pour y apprendre quoi ? Allez savoir. Dans quel but et en vue de quelle carrière ? Mystère encore. Il faut dire que son inscription ne relève pas exactement d’un choix : on la lui a imposée... Comment s’étonner dès lors de l’apparente absurdité de l’enseignement, de l’arbitraire despotisme des professeurs et de l’inquiétante bizarrerie des étudiants ? 
A-t-on affaire, avec Vita nostra, à un roman d’initiation à la magie ? Oui et non. On évoque irrésistiblement la saga d’Harry Potter et plus encore Les Magiciens de Lev Grossman. Mêmes jeunes esprits en formation, même apprentissage semé d’obstacles. Mais c’est sur une autre terre et dans une autre culture, slaves celles-là, que reposent les fondations d’un livre qui nous rappellera que le Verbe se veut à l’origine du monde.

Note : 3,5 / 5

C'est un nouveau livre atypique que je vous présente aujourd'hui. Je l'ai plus apprécié que ma lecture précédente, mais c'est tout de même un livre très abstrait auquel j'ai l'impression de ne pas avoir compris grand chose.

Le récit débute alors que Sacha, le personnage principal, est en vacances à la mer avec sa maman. Un homme étrange aux lunettes noires l'observe tous les jours, puis finit par l'aborder et lui ordonne d'effectuer des activités étranges. Poussée par la peur, Sacha obtempère. Et ce petit jeu va durer jusqu'à la fin du livre.

Et le lecteur a beau ne rien comprendre à ces activités, puis aux matières étudiées à l'université que Sacha a été obligée de rejoindre, le livre reste étrangement addictif. Il faut dire que le récit ne s'arrête jamais vraiment, il n'y a pas de chapitres, seulement des astérisques séparant les différentes scènes, et que nous sommes, comme Sacha, empreint à la peur. Mais si elle, elle a peur des menaces de son tuteur et des professeurs de son université et des conséquences si elle ne réussit pas ses examens, nous, lecteurs, avons tout simplement peur pour elle.

Le thème principal du livre, comme l'indique le titre, est la métamorphose. Depuis le premier jour où elle aperçoit son tuteur et entreprend de suivre les activités données sous ses ordres, des changements vont opérer en Sacha. La nature de ces changements est restée inaccessible pour moi, je n'ai pas trop compris où voulaient nous mener les auteurs. Pour moi, cette université a pour but de transformer les élèves en dieux ou en serviteurs de ceux-ci, leur permettant de modeler l'univers et de le voir sous un tout autre angle mais je pense que je me trompe complètement. Je ne suis pas sûr qu'il faille comprendre quelque chose à tout cela. C'est un de ces livres qui se vivent, qui nous emportent, mais il ne faut pas chercher à trop creuser et à tout comprendre.

Par contre, il y a un élément qui a un peu cassé mon voyage : la façon dont le livre est écrit. Je ne sais pas si c'est le russe qui est particulièrement froid et brute ou si c'est du à la traduction, mais je n'ai pas trop aimé. De plus, j'ai trouvé que certains mots étaient franchement mal choisis et sonnaient vraiment bizarre ("céphalée" pour dire "migraine" par exemple, ou encore des phrases comme "courant aux cours chez la tutrice, polissant les bancs de la bibliothèque", c'est vraiment maladroit tout ça) et je pense que ça, c'est du à la traduction qui est parfois trop littérale.

Vita Nostra est un livre dont il est vraiment difficile de parler. Mais pour vous convaincre de lire ce livre fantastique vraiment atypique, je finirai en vous disant que c'est le gagnant du prix Planete-SF de l'année dernière ! (et c'est principalement pour ça que j'ai décidé de m'y plonger !)


Vita Nostra
25,90€ / 528 pages / 9791036000195

mercredi 20 janvier 2021

Terra Ignota, tome 1 : Trop semblable à l'éclair - Ada Palmer


Terra Ignota, tome 1 : Trop semblable à l'éclair - Ada Palmer

Année 2454. Trois siècles après des évènements meurtriers ayant remodelé la société, les concepts d’État-nation et de religion organisée ont disparu. Dix milliards d’êtres humains se répartissent ainsi par affinités, au sein de sept Ruches aux ambitions distinctes. Paix, loisirs, prospérité et abondance définissent ce XXVe siècle radieux aux atours d’utopie. Qui repose toutefois sur un équilibre fragile. Et Mycroft Canner le sait mieux que personne… 
Coupable de crimes atroces, condamné à une servitude perpétuelle mais confident des puissants, il lui faut enquêter sur le vol d’un document crucial : la liste des dix principaux influenceurs mondiaux, dont la publication annuelle ajuste les rapports de force entre les Ruches. Surtout, Mycroft protège un secret propre à tout ébranler : un garçonnet aux pouvoirs uniques, quasi divins. Or, dans un monde ayant banni l’idée même de Dieu, comment accepter la survenue d’un miracle ?

Note : ABANDON

Petite nouveauté sur le blog grâce (à cause ?) de ce livre : les abandons ! J'ai décidé cette année de ne plus m'acharner à lire des livres qui, dès les premières pages, ne me plaisent pas et surtout ne pas hésiter à les chroniquer quand même ! De plus, le problème de ce livre, c'était le style, et celui ci ne risquait pas de changer au fur et à mesure de ma lecture.

Ce livre est réputé exigeant et difficile. Selon moi, il est surtout compliqué pour rien... Dès les premières pages, nous découvrons un livre écrit à la première personne (déjà c'est mal parti pour moi qui déteste ça), le narrateur est très présent, n'hésitant pas à casser le 4ème mur et à parler au lecteur. Je n'ai rien contre cela, mon livre préféré a un narrateur très présent, sauf qu'ici il nous prend de haut, avilissant le lecteur et le bourrant de concepts philosophiques censés aider à la compréhension de la société futuriste que l'on découvre au compte goute. Sauf qu'il décrit plus qu'il n'explique et cela ne mène à rien à part retarder encore et toujours le récit.

Dans le futur, la notion de genre n'existe plus vraiment, les pronoms "il/elle" sont donc remplacés par "on" et "ons" au pluriel, ce qui est juste illisible ! Je ne sais pas ce qui a été utilisé en anglais, mais en français ça ne marche pas, ça embrouille plus qu'autre chose et je me suis mise à remplacer les "on" par "il/elle" dans ma tête pour pouvoir comprendre quelque chose, c'est donc stupide ! Pourquoi ne pas avoir utilisé "iel" comme dans L'espace d'un an par exemple ?

J'ai lu plus de 150 pages et je ne saurais pas vous dire de quoi parle le livre. Le personnage qui parle est une sorte d'esclave (dans le futur, celui qui commet un crime a le choix entre une vie de servitude ou la mort) et il semble être le confident de tous les puissants du monde et va devoir à la fois protéger et cacher un enfant prodigieux qui n'est pas encore prêt à dévoiler ses pouvoirs au monde et résoudre la disparation d'une mystérieuse liste de noms importants. Depuis que les voitures volantes peuvent faire le tour du monde en un temps record, il n'y a plus vraiment de notion de pays, mais plutôt des ruches ou des bash (pas trop compris si c'était la même chose ou non malgré les tirades que l'on nous sert sur l'origine de ces deux noms) Bref, que des étranges coïncidences autour de ce personnages qui est important pour tout le monde pour on ne sait quelle raison...

Je vais arrêter le massacre de ce livre ici. Le style, je ne dis pas, c'est important, je n'ai rien contre les exercices de style lorsqu'ils sont bien faits, sauf qu'ici j'ai eu l'impression que l'auteure s'était forcée à faire un truc intellectuel, à donner des effets à son récit et ce au dépend de l'histoire qui n'avance pas et que, du coup, on peine à comprendre. Pour moi la science-fiction ce n'est pas pondre un truc abstrait que l'on essaye d'expliquer avec des notions philosophiques mais c'est plutôt essayer de penser autrement, différemment. Pour moi Becky Chambers est la reine dans ce domaine, elle arrive tout naturellement à nous emmener dans des voyages étonnants sans que l'on ait le cerveau qui fume !


Trop semblable à l'éclair
24,90€ / 662 pages / 9782843449581

mercredi 13 janvier 2021

Les chroniques de l'érable et du cerisier, tome 1 : Le masque de Nô - Camille Monceaux #PLIB2021


Les chroniques de l'érable et du cerisier, tome 1 : Le masque de Nô - Camille Monceaux

Dans le Japon du début de l'ère Edo, Ichirô, un enfant abandonné, est recueilli et élevé loin du monde par un ancien samouraï qui lui enseigne la voie du sabre. Quand des événements dramatiques bouleversent sa vie, il part pour Edo. A 15 ans, il doit survivre seul dans une ville labyrinthique où l'attendent mille dangers. Une nuit, il découvre une mystérieuse jeune fille au visage dissimulé.

Note : 2,5 / 5

J'ai commencé ce livre car il faisait partie des sélectionnés du PLIB2021, mais arrivée à plus de la moitié du récit je me suis rendue compte qu'il y avait comme un problème. Pour rappel, le PLIB est un prix des blogueurs des littératures de l'imaginaire. Or, Les chroniques de l'érable et du cerisier n'a absolument rien d'imaginaire.

Nous suivons toute l'histoire du petit Ichiro, de sa découverte, abandonné dans une coque de biwa devant un temple, par un maître samouraï, à son adolescence qu'il va passer à s'occuper de représentations de théâtre à Edo. Pas un yokai, une créature ou un élément fantastique à l'horizon, et je découvre bien vite qu'il n'y en aura jamais. Ce livre est simplement une fiction historique, un récit du Japon du XVIIe où les japonais vont devoir prendre partie : jurer fidélité au shogun qui est un tyran ou rallier les rebelles à Osaka.

Je n'ai rien contre l'histoire du Japon, ni les livres historiques, mais ce n'était tellement pas ce à quoi je m'attendais en commençant ce livre que j'ai forcément été déçue. Pour couronner le tout, le livre est écrit à la première personne, un style que j'ai vraiment du mal à apprécier... Je n'aime pas être coincée dans les pensées d'un seul personnage. Vu qu'on va nous raconter toute la vie et les problèmes d'Ichiro, le récit est en plus vraiment lent et j'ai eu du mal à voir où l'auteure voulait nous mener.

Heureusement, l'époque est vraiment bien décrite, on se représente très bien la vie des japonais au début de l'ère Edo. Ichiro va avoir un parcours un peu particulier qui va nous permettre de vraiment apprendre tout ce qui fait la particularité de cette époque. C'est dépaysant, vous découvrirez certainement plein de choses que vous ne connaissez pas. De mon côté, cela m'a rappelé mon voyage scolaire au Japon, car j'ai eu la chance de pouvoir apprendre le japonais au lycée.

Si je n'étais pas partie avec une idée complètement erronée de ce livre en me plongeant dans sa lecture, peut-être que j'aurais su mieux l'apprécier. Au final, mes inquiétudes sur le genre de ce livre ont mis la puce à l'oreille aux organisateurs du prix, et il a finalement été retiré de la sélection...


Les chroniques de l'érable et du cerisier, tome 1
20,50€ / 416 pages / #ISBN9782812618291

mercredi 6 janvier 2021

La dernière geste, tome 1 : Dans l'ombre de Paris - Morgan of Glencoe

La dernière geste, tome 1 : Dans l'ombre de ParisMorgan of Glencoe

Depuis des siècles, les Humains traitent les fées, créatures magiques dont ils redoutent les pouvoirs, comme des animaux dangereux. 
L’alliance du Royaume de France, de l’Empire du Japon et du Sultanat Ottoman se partage désormais l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Ces féroces aristocraties oppriment leurs peuples et écrasent dans le sang toute révolte, qu’elle soit humaine ou féerique. 
En choisissant les dangers de la liberté plutôt que la soumission aux règles de sa caste, la princesse Nekohaima Yuri va se forger ses propres valeurs et bientôt, mettra en péril la plus grande puissance du monde. Au cœur de cette métamorphose, une amitié très improbable…

Note : 4 / 5

Ce livre m'attirait depuis longtemps à cause du mélange France/Japon qui se dégageait de la couverture et du résumé, un mélange qui peut être dangereux et vite tourner au ridicule s'il n'est pas bien maîtrisé mais qui, heureusement, est absolument génial ici !

On comprend rapidement que l'univers dans lequel nous plonge l'auteure est une uchronie : la France est restée une monarchie et a des relations privilégiées avec le Japon dont elle est très proche. Dès les premiers paragraphes, nous découvrons aussi qu'aux humains se mêlent différentes créatures inspirées du folklore, un peuple féérique persécuté, contraint à se cacher pour ne pas finir esclave des humains.

J'ai énormément aimé le début du livre. Nous suivons Yuri Nekohaima, une jeune noble qui va devoir quitter le Japon pour retrouver son père ambassadeur qui lui a demandé de le rejoindre à Paris. Pour cela, elle va devoir emprunter l'Orient Express, un train exceptionnel de plusieurs kilomètres de long qui relie l'orient et l'occident. Ce train et sa micro société m'ont fasciné, j'aurais adoré passer tout le livre en compagnie de l'équipage et en apprendre encore plus sur ce train.

Mais après quelques péripéties, Yuri et ses deux gardes du corps arrivent enfin à Paris et la princesse se rend très vite compte que son père l'a faite venir car il a pris des décisions sur son avenir, des décisions qui ne vont pas lui plaire. Lorsque la possibilité de s'enfuir lui est offerte, Yuri ne va pas y réfléchir à deux fois et va se retrouver dans les égouts de Paris, au milieu d'une société où les humains et les fées cohabitent dans le secret.

J'ai trouvé les débuts de la princesse dans les égouts un peu longs. Cette société va à l'encontre de toute son éducation, elle va devoir s'habituer, prendre sur elle et s'adapter à faire tout le contraire de ce qui lui a été appris. J'ai fini par un peu me lasser de voir la princesse s'étonner et être choquée de tout mais heureusement d'autres personnages finissent par prendre presque autant de place que Yuri, notamment grâce à la façon dont est écrit le livre, changeant très souvent de scènes et suivant de nombreux personnages différents (parfois de façon très mystérieuse !) au cours d'un même chapitre.

J'ai aussi parfois eu du mal avec les aspects mystiques qui selon moi décrédibilisent l'univers plus qu'autre chose mais ce livre est vraiment fascinant, tolérant (sans que cela devienne lourd !), les personnages sont tous très attachants et l'imagination de l'auteure est vraiment géniale ! J'ai également totalement adoré le côté trilingue du livre, nous avons des dialogues entiers en anglais et quelques mots en japonais romaji qui ne sont pas traduits et j'ai trouvé ça dingue ! Ca donne une profondeur et une réalité vraiment poussée au récit.

La fin de ce premier tome est un gros coup de poing qui remet plus ou moins le récit à zéro, ce qui peut être un peu frustrant, mais personnellement j'ai aimé que l'auteure ne prenne pas de pincettes et ose ! J'ai vraiment hâte de lire la suite, surtout que d'après le titre, L'héritage du rail, il est fort possible que le récit se concentre sur l'Orient Express dont j'ai adoré la société !


Dans l'ombre de Paris
17,90€ / 456 pages / 9782366294750