mercredi 19 décembre 2018

Le dieu oiseau - Aurelie Wellenstein


Le dieu oiseauAurelie Wellenstein

Une île. Dix clans. Tous les dix ans, une compétition détermine quel clan va dominer l'île pour la décennie à venir. Les perdants subiront la tradition du « banquet » : une journée d'orgie où les vainqueurs peuvent réduire en esclavage, tuer, violer, et même dévorer leurs adversaires. 
Il y a dix ans, Faolan, fils du chef de clan déchu, a assisté au massacre de sa famille. Sauvé par le fils du chef victorieux, Torok, il est depuis lors son esclave et doit subir ses fantaisies perverses. 
Sa seule perspective d'avenir est de participer à la compétition de «l'homme-oiseau», afin de renverser l'équilibre des pouvoirs en place et de se venger. 
Qui du maître ou de l'esclave va remporter la bataille ? Quel enjeu pour les habitants de l'île ? Quel est le prix à payer pour la victoire ?

Note : 4 / 5


Lors de ma rencontre annuelle avec l'auteure aux Imaginales, Aurelie, sachant à quel point j'avais adoré Le roi des fauves, m'a promis qu'avec Le dieu oiseau j'allais retrouver tout ce que j'avais aimé dans ce livre : elle ne s'est pas trompée ! Le dernier livre d'Aurelie Wellenstein est monstrueux.

J'ai pourtant eu un peu de mal avec le début. Faolan, le jeune esclave que l'on va suivre dans ce livre, se fait vraiment martyriser et je n'ai pas aimé la pitié dégoulinante qu'il m'a inspiré. Ce passage est pourtant essentiel pour la suite car la violence dans ce livre est très ambiguë. Il est nécessaire de vivre tout ce par quoi est passé le personnage principal afin de comprendre ses choix et sa folie.

Et Aurelie Wellenstein a un don pour nous plonger dans les pensées, les peurs et les délires de ses personnages. Je vais moi aussi être longtemps encore hantée par Torok et ses apparitions dérangeantes. Faolan oscille sans cesse entre sa nature bienveillante et son envie de vengeance et le lecteur est laissé dans le doute jusqu'à la fin. Va-t-il se laisser submerger par cette violence qui bouillonne en lui ou va-t-il tenter de renverser cette tradition odieuse qu'est la compétition du dieu oiseau ?

Cette compétition m'a d'ailleurs beaucoup plu car elle est elle aussi très ambiguë. Il y a ce côté divin et fantastique car à la fin de cette compétition le dieu Mahoké fertilise et ramène la lumière sur l'île d'où viennent les compétiteurs. Et pourtant le lecteur sent dès le début que quelque chose cloche... Après tout ce qu'il a subit, Faolan est lui aussi méfiant et n'arrive pas à croire à un dieu aussi cruel. L'auteure joue beaucoup avec cette dualité et j'ai trouvé ça vraiment intéressant.

Et enfin, pour une fois dans ce genre de livre à la Hunger Games les choses ne se font pas à moitié. Faolan va subir jusqu'au bout. Il ne va avoir aucun répit. Même lorsqu'il va finir par s'allier avec quelqu'un, cela ne va que remuer d'autres traumatismes. Le livre se finit sur une touche d'espoir pour Faolan, mais elle est tellement loin de ce que j'avais imaginé ! Au final on ne sait pas ce qui va arriver à Faolan ni à l'île. Cette fin m'a vraiment frustré, mais je n'aurais pas aimé qu'elle se finisse bien non plus. Je sais, je suis difficile, mais je reste partagée.

Dans tous les cas c'est un livre que j'attendais depuis longtemps. J'ai en effet retrouvé tout ce que j'avais aimé et qui m'avais marqué dans Le roi des fauves. J'ai hâte d'être aux prochaines Imaginales pour découvrir le nouveau bijou d'Aurelie Wellenstein et lui dire tout le bien que j'ai pensé du Dieu oiseau !



Le dieu oiseau
16,90€ / 336 pages / 9782367405827

mercredi 12 décembre 2018

Jivana - Nadia Coste


Jivana -Nadia Coste

Jivana est une jeune fedeylin qui porte en elle un joli secret : depuis toute petite, elle partage son corps avec l’esprit d’une déesse qui a échoué à se réincarner. Les deux âmes, loin d’être concurrentes, sont devenues amies et même un peu plus. 
Alors que des nuées d’insectes obscurcissent le ciel et imposent une nuit sans fin, le désespoir frappe leur village. Jivana et sa déesse partent à la recherche d’une solution pour que l’astre du jour brille enfin à nouveau. Une quête périlleuse qui les changera à jamais...

Note : 4 / 5


Jivana est ma première incursion dans le monde des Fedeylins de Nadia Coste et je n'ai qu'une envie après cette lecture : continuer mon aventure avec la première série qu'a écrit l'auteure, et vite ! J'ai vraiment été transportée par ces petites créatures et leur univers où la nature est reine, ce livre m'a beaucoup ému et m'a fait grandir.

Mais bien avant son univers, c'est son personnage éponyme qui m'a complètement conquis. Jivana n'est pas une Fedeylin comme les autres : en plus de venir d'une autre contrée que sa mère a fuit, elle abrite depuis toujours l'esprit d'une déesse, Savironah. Lorsqu'un gigantesque nuage d'insectes menace son monde, cachant le soleil et détruisant tout, Jivana et Savironah se sentent responsable du devenir de leur peuple et vont partir à la recherche d'une solution, et surtout d'un moyen de réincarner Savironah afin qu'elle retrouve ses pouvoirs.

J'ai adoré leur relation, cet amour qu'elles ont l'une pour l'autre alors que Savironah n'a plus de pouvoirs à cause de Jivana, qui elle-même a toujours été mise à l'écart du fait de la présence de Savironah. J'ai adoré le narrateur interne qui apporte beaucoup d'émotions et d'intensité à leurs échanges. Elles se parlent tout le temps, ressentent tout l'une de l'autre, parfois pas toujours pour le meilleur et pourtant elles sont toujours tellement compréhensives l'une envers l'autre.

L'empathie est d'ailleurs quelque chose de très important dans ce livre car chaque être, du Fedeylin à l'animal, peut ressentir ce que l'autre ressent grâce aux Mandarukas, des arbres qui amplifient les sensations. J'ai trouvé cet aspect tellement intéressant et si bien décrit ! Nadia Coste a vraiment un don pour faire passer les émotions. Chaque personnage que vont croiser Jivana et sa déesse durant leur périple m'ont marqué et je n'ai pas cessé de penser à eux, de me demander s'ils s'en sont sortis après le passage de nos personnages. L'auteure arrive tellement bien à nous faire passer leurs émotions et leurs motivations que l'on ne peut pas rester indifférent.

L'aventure de Jivana et Savironah va nous faire traverser les montagnes, le désert ou encore les marais et les rivières. Chaque environnement a sa propre ambiance et ses rencontres. J'ai vraiment adoré découvrir les différentes sociétés créées par les animaux, même si elles ne sont pas toujours bienveillantes. L'univers qu'a créé l'auteure est vraiment fascinant et encore une fois terriblement bien décrit. La description des animaux, leurs mouvements et leurs pensées sont tellement proches de la réalité !

Je n'ai qu'un seul regret : la conclusion de leurs aventures arrive bien trop vite. Peut-être parce que j'aurais aimé que le livre continue encore et encore, mais avant tout parce que Jivana et Savironah en finissent avec le nuage d'insecte littéralement en un seul petit chapitre. Après tout ce qu'il leur est arrivé, j'aurais aimé que la fin soit moins vite expédiée.

Dans tous les cas c'est un livre qui m'a énormément marqué. Les émotions et les messages qu'il transporte m'ont semblé importants et je pense que c'est un livre a vraiment mettre entre toutes les mains. C'est une magnifique histoire d'amour et un hymne à la bienveillance. On ne peut peut-être pas percevoir ce que ressentent les autres aussi facilement que Jivana, et pourtant il suffit d'un tout petit effort pour se comprendre et s'entendre, ce que malheureusement trop peu de gens prennent la peine de faire. Ce livre peut vraiment vous aider à vous ouvrir aux autres, et je trouve ça magnifique.



Jivana
15,90€ / 388 pages / 9782366299151