mercredi 28 décembre 2016

Tobie Lolness, tome 1 : La vie suspendue - Timothée de Fombelle



Tobie Lolness, tome 1 : La vie suspendue - Timothée de Fombelle

«Tobie Lolness mesurait un millimètre et demi, ce qui n’était pas grand pour son âge.» Ainsi commence le récit des aventures du jeune Tobie, qui appartient au peuple du grand chêne. Ce peuple ne connaît pas d’autre univers que celui de l’arbre, creusant ses maisons dans les branches, traçant ses chemins dans les sillons de l’écorce, faisant travailler les charançons, élevant leurs larves pour se nourrir. Le père de Tobie, savant génial et sage, a refusé de livrer le secret d’une invention révolutionnaire qui permet de transformer la sève de l’arbre en énergie motrice. Il sait que certains s’en serviraient au détriment de l’arbre. Furieux, le Grand Conseil a condamné la famille Lolness à l’exil dans les Basses-Branches, territoire sauvage et sombre, près de la frontière des Pelés. Là pourtant, Tobie vit heureux et rencontre Elisha qui devient son amie. Mais les Lolness sont rejugés et, cette fois, condamnés à mort. Seul Tobie parvient à s'échapper. Se cachant au creux des écorces, courant parmi les branches, Tobie fuit, traqué par les siens…


Note : 3,5 / 5


Après ma chouette découverte de cet auteur par son Livre de Perle et sa rencontre au Salon du Livre de Colmar, j'ai eu envie de continuer l'aventure avec son tout premier roman. Tobie Lolness est un livre accessible aux plus jeunes, il est pourtant tout aussi riche et profond, nous faisant découvrir une culture qui ressemble malheureusement beaucoup à la notre. C'est un livre qui fait réfléchir tout en nous transportant dans un tout nouvel univers fait de feuilles et d'écorces.

Lorsque l'on fait la connaissance de notre jeune héros, Tobie, lors des premières pages, il est en fuite. On ne sait ni pourquoi ni comment, mais son peuple est à sa recherche et lui en veut. Au fil de sa course, Tobie va se rappeler sa vie d'avant et nous en apprendre plus sur son étrange société. Car Tobie n'est pas un jeune garçon comme les autres : il ne fait qu'un millimètre et demi et vit dans un arbre.

J'ai adoré ce récit décousu, permettant de chouettes révélations et des retournements de situation vraiment inattendus. L'auteur fait longtemps durer le suspens autour de l'exil de Tobie et le lecteur a vraiment du mal à arrêter sa lecture. C'est vraiment un procédé ingénieux pour intéresser les jeunes lecteurs. Le style tout en métaphores rigolotes est aussi vraiment sympathique et l'action est souvent au rendez-vous.

Mais ce qui m'a le plus plu est clairement toute la réflexion autour de cette société de petites personnes. Car ils ont beau vivre dans un arbre, de nombreuses situations sont similaires à notre société. Les enjeux écologiques sont importants car leur communauté est au bord de la révolution industrielle, mais celle-ci risque de détruire l'arbre, leur univers. Le parallèle que l'on peut ainsi faire est vraiment intéressant et soulève des questions sur notre propre société.

Timothée de Fombelle arrive vraiment à réunir tout ce qui fait un magnifique livre jeunesse : une histoire captivante dès les premières pages grâce au récit décousu, un personnage attachant et tellement réaliste, un peu d'amour et pas mal de pédagogie cachée au milieu d'une aventure vraiment prenante. A cela s'ajoute le style de l'auteur, drôle et percutant, que j'aime définitivement beaucoup. Tobie arrivera-t-il a sauver sa vie mais aussi celle de toute sa société, de son arbre ? J'ai vraiment très hâte de lire la suite.

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mercredi 21 décembre 2016

❤ Jessie des ténèbres - Yann Rambaud

Jessie des Ténèbres - Yann Rambaud

Le jour, Jessie vit un cauchemar. Au collège, on la harcèle. A la maison, ses parents se disputent. Et pour couronner le tout, à 13 ans, elle est myope comme une taupe.
La nuit, Jessie est prisonnière d'autres cauchemars. Elle se réveille dans une maison qui grince, pleine de courants d'air et de portes fermées, qu'il lui faut à tout prix ouvrir.
Mais au coeur des ténèbres, il reste un peu de lumière : dans une forêt au fond du jardin l'attendent, chaque mercredi, Alice et ses dingueries. Ici, les escargots font la course et les grenouilles savent compter.
Et puis, il y a Gaspard...

Note :  coup de coeur

J'ai eu la chance de gagner ce livre lors du dernier concours du blog La voix du livre que j'aimerais infiniment remercier, car j'ai découvert un livre merveilleux, un livre qui m'a beaucoup touché, bouleversé et complètement transporté.

Jessie n'a pas sa place au collège : elle est différente, se laisse faire et est donc harcelée au quotidien par ses camarades. Ce n'est pas nouveau, les enfants sont cruels entre eux. Yann Rambaud évoque ce thème difficile avec justesse car il n'épargne pas notre jeune héroïne : les scènes sont dures, mais tellement réelles !

A ce poids s'ajoute aussi celui de l'étonnante révélation que lui ont fait ses parents : Jessie n'est pas leur fille biologique, elle a été abandonnée à la naissance et recueillit par eux. Ses origines obscures la perturbent et l'entraînent presque chaque nuit dans ce même cauchemar : une vieille maison qui grince la pousse de pièce en pièce à la recherche de terribles secrets sur son passé. Et les différentes épreuves ne sont pas sans danger : si elle se blesse dans son cauchemar, elle ramène ces blessures au réveil, dans la réalité...

Heureusement la vaste forêt à côté de la ferme qu'elle habite va lui permettre de rencontrer Alice qui va lui faire découvrir que cette forêt n'est pas comme les autres. Les sangliers jouent à chat avec les promeneurs et les grenouilles savent compter. L'étrange Alice va petit à petit devenir la clef pour résoudre tous ses problèmes... J'ai particulièrement apprécié ces passages oniriques et naïfs.

Le réel est ainsi étroitement mêlé au fantastique dans ce livre. Et c'est justement par ces aspects fantastiques qu'il arrive si bien à parler de ce qui se passe dans la vie de notre héroïne : chaque manifestation peut être associée à un mal être ou à un besoin, devenant une projection de l'inconscient de Jessie. J'ai trouvé ce livre tellement beau par sa manière d'aborder tout ça.

Pourtant, si Jessie des ténèbres est très poétique, ce livre est aussi parfois vraiment dérangeant. Jessie est en détresse et se confronte dans ses cauchemars a de véritables scènes d'horreur. Sans êtres gores car très implicites, certaines scènes sont perturbantes, un peu à la manière de celles dans Alice au pays des merveilles. Un classique dont semble aussi s'être inspiré l'auteur pour le personnage d'Alice et la forêt où il se passe des choses parfois très absurdes. J'ai donc forcément adoré.

Cette justesse dans l'évocation des sentiments de cette jeune fille, ces brusques retours à la réalité après des passages tellement doux et oniriques m'ont franchement bouleversé. Le collège a été une période difficile pour moi aussi et je me suis donc particulièrement attachée a Jessie. Ce livre, c'est aussi un véritable voyage initiatique car chaque épreuve, chaque humiliation à l'école mais aussi chaque cauchemar et chaque après midi avec Alice va la faire grandir, lui faire prendre conscience de certaines choses et la changer.

Ainsi, j'ai trouvé ce roman vraiment magique et puissant. J'ai pleuré à la fin. Yann Rambaud arrive si bien à parler de tous ces petits malaises que l'on peut ressentir à l'adolescence. Il nous offre un récit tellement vrai, où le fantastique a pourtant étonnement sa place. Un récit qui bouleverse et qui marque. Coup de cœur.

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mercredi 14 décembre 2016

Elia, la passeuse d'âmes, tome 1 - Marie Vareille

Elia, la passeuse d'âmes - Marie Vareille

“Les prophéties ne s’accomplissent que si quelqu’un a suffisamment de courage pour les réaliser” 
Elia vit dans une dictature divisée en deux catégories : l’élite, les Kornésiens, et la classe exploitée, réduite en esclavage : les Nosoba. Elia est une Kornésienne. À quinze ans à peine, elle exerce en tant que passeuse d’âmes à l’hôpital de la capitale du pays : elle euthanasie tous ceux qui seraient considérés comme inutiles ou dangereux pour la communauté. Un jour, un jeune Nosoba, de la caste des intouchables parvient à la convaincre de l'aider à s’échapper, alors même qu'elle avait ordre de l'exécuter. Accusée de trahison, Elia s'enfuit...

Note : 3 / 5


Les dystopies devenant de plus en plus populaires en jeunesse, notamment grâce à la série des Hunger Games ou des Divergente, de nombreux livres de ce genre sont sortis les derniers temps, dont Elia, la passeuse d'âmes. Si Marie Vareille reste assez classique dans son univers, j'ai tout de même aimé ma lecture, notamment grâce a l'émotion qu’insuffle sa plume.

L'auteure nous propose un nouveau modèle de société où la liberté des individus a été supprimée pour le bien être du groupe. Chaque membre de la société a un rôle particulier qui lui a été attribué dès la naissance, le rangeant bien gentiment dans une case. Ces rôles dépendent de votre ADN, mais aussi de la classe à laquelle vous appartenez. Elia est une Kornésienne, elle fait partie de l'élite. Le travail soit-disant fait pour elle ? : veiller au passage d'âmes, c'est à dire supprimer les personnes qui ne servent plus à la société. Elle va cependant se mettre dans une situation délicate en refusant d’exécuter un jeune Nosoba et va devoir s'enfuir, rejoignant les zones où vivent les Nosobas et découvrant le quotidien de cette classe exploitée pour le bien de la communauté. Mais cet exil va surtout lever le voile sur certains mystères de son passé.

J'ai trouvé cette société assez classique, l'auteure reprenant tous les codes de la dystopie et surtout sa morale. J'ai cependant beaucoup aimé l'ambiance des quartiers pauvres avec le travail dans la mine et leur lot quotidien de misère et de dangers à la façon d'un Germinal moderne.

J'ai aussi parfois trouvé le récit trop rapide, l'auteure s'attarde sur les événements importants qui font avancer le récit, mais j'aurais aimé plus de descriptions et qu'elle s'attarde sur des choses banales du quotidien pour vraiment bien nous immerger. J'aurais aussi aimé que l'auteure approfondisse certaines relations. Surtout qu'elle sait vraiment bien en parler et transmettre des émotions. Certaines scènes sont vraiment tendres et tellement pleines d'humanité !

L'histoire en elle même est plutôt bien menée même si parfois prévisible et assez classique. Et il est encore une fois question d'une prophétie... On se plait cependant à remettre toutes les pièces du passé de Elia ensemble et on comprend qu'au final l'enjeu est bien plus grand que celle de la vie d'Elia seule.

J'ai ainsi découvert une nouvelle dystopie plutôt sympathique avec Elia, la passeuse d'âmes de Marie Vareille. Malheureusement, ce premier tome ne sort pas vraiment du lot. L'histoire est vraiment classique, reprenant tous les codes de la dystopie. Heureusement la plume riche en émotions de l'auteure m'a vraiment séduite.

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mercredi 7 décembre 2016

Le livre original, le film, le script : Les animaux fantastiques - J. K. Rowling

Le livre qui a "inspiré" le film :
Ecrit et publié pour une action caritative, les Moldus que nous sommes ont ainsi eu la chance de pouvoir lire un authentique manuel de Poudlard, normalement destiné aux sorciers seuls : Les animaux fantastiques par Newt Scamander. C'est en effet ce que nous explique Albus Dumbledore dans l'introduction de cette édition spéciale Moldus qui n'est autre que la reproduction du livre ayant appartenu à Harry Potter (notes et gribouillages inclus)

Vous l'aurez compris, J. K. Rowling nous offre une étonnante mise en abyme tout en nous ouvrant toujours plus les portes de son univers. En plus des 75 animaux décrits (certains familiers comme les licornes ou les gnomes et d'autres sortant de l'imagination de Rowling comme le Niffleur) Newt Scamander prend aussi le temps de nous expliquer son parcours ainsi que celui de l'étude et de la régulation des animaux fantastiques.

Le livre reste cependant étonnement court pour un manuel scolaire (loin des pavés que l'on se coltine, nous, Moldus) J'aurais aimé quelque chose de plus complet, plus détaillé (surtout qu'il manque certains animaux que l'on croise pourtant dans les romans) On prend cependant énormément de plaisir à avoir un bout de ce monde fantastique entre les mains et on ne peut que rire en découvrant certaines annotations de Harry ou de Ron (car le sien étant tombé en morceaux, il le partage avec Harry) Dans tous les cas, le concept est franchement génial et l'opération humanitaire à souligner, l'argent rapporté par le livre étant entièrement reversé à Comic Relief (même pour ses traductions !) Le film n'est cependant pas vraiment inspiré du livre, car il raconte l'histoire de son auteur : Newt Scamander.

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Le film réalisé par David Yates :
Lorsque je suis sortie de ma première séance, je dois l'avouer, j'étais déçue. Quelques jours plus tard j'ai cependant eu une irrésistible envie de le revoir. Et au final, après avoir réfléchi et mis une raison sur ma première impression négative, mince, qu'est-ce qu'il est bien quand même ce film !

Mon problème a été le suivant : avec ce film, J. K. Rowling remet tout à plat. On découvre une société magique que l'on ne connait pas, très différente de la société magique anglaise. N'ayant pas vraiment d'affinité avec les Etats-Unis, j'étais un peu triste de quitter l'esprit British que j'aime tant. On change aussi complètement d'époque, on ne connait plus aucun personnage. Bref, Rowling m'a complètement déstabilisée, ça n'a plus rien à voir avec les Harry Potter.

Et pourtant, la même magie finit par opérer. L'imagination de J. K. Rowling est toujours aussi impressionnante. On prend vraiment du plaisir devant ce film car il est sombre, veut nous en apprendre plus sur une date importante dans l'histoire de la magie, mais arrive très bien à glisser des moments comiques qui font effet. Le film est beau et arrive terriblement bien à nous plonger dans le New York des années 20, avec sa bande son jazzy, ses couleurs ternes et sales, rappelant très bien la ville.

Newt Scamander est un personnage très intéressant et terriblement attachant avec ses airs de grand timide et sa grande sensibilité devant les animaux. Et il réussit à ramener cette culture et ce côté maladroit très British que j'aime tant. Et donner une place si importante à Jacob, un Moldu, quelle bonne idée ! Il rappelle bien cette dualité entre le monde sorcier et notre monde, dualité qui est d'ailleurs au centre de l'intrigue.

Le film possède cependant quelques défauts, je trouve qu'on y croit moins qu'un Harry Potter car il n'y a pas de livre derrière pour bien expliquer et rendre le tout vraiment cohérent. C'est pourtant vraiment intéressant de découvrir un nouveau bout de cet univers, une date importante dans l'histoire de la magie. J'ai pourtant été un peu déçue de voir qu'au final Newt et ses animaux fantastiques ne sont pas vraiment au centre de l'histoire.

J'ai aussi eu beaucoup de mal avec les personnages féminins. Tina est agaçante et sa soeur, Queenie, tellement nunuche... J'ai adoré le personnage de Graves, mais j'ai franchement grimacé quand sa véritable identité a été révélée... J'en ai aussi un peu marre de toutes ces scènes de destruction. C'est impressionnant, mais vu et revu... Je suis devenue aveugle dès la deuxième scène avec les extraits de journaux à cause de la 3D obligatoire pour l'avant première (quand est-ce qu'ils comprendront que ça n'apporte rien au film ?!)

Mais voila, j'ai au final pris tellement de plaisir à regarder ce film ! Il faut vraiment l'appréhender avec un œil neuf car Rowling nous offre une expérience très différente des Harry Potter. J'ai bien envie d'aller le voir une troisième fois, tiens.


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Le script :
Lorsque je lisais ce livre on m'a plusieurs fois demandé quel était l'intérêt de lire le script d'un film -que j'avais en plus déjà vu. J. K. Rowling étant une auteure de romans, je vous avoue que j'étais assez intriguée de la découvrir en tant que scénariste. En effet, écrire un scénario est un exercice vraiment différent de celui d'écrire un roman, d'où mon intérêt.

Une fois le vocabulaire des effets cinématographiques acquis (un glossaire est disponible à la fin du livre pour nous les expliquer) la magie opère rapidement : on arrive étonnement bien à se représenter les scènes alors qu'il n'y a que peu de détails. Et malgré ces descriptions réduites, j'ai trouvé que l'on retrouvait même la patte de l'auteure, notamment lors de la description des personnages. J'ai d'ailleurs vraiment aimé découvrir la manière dont elle les représentait et ainsi mieux comprendre le choix des différents acteurs.

A travers le script j'ai aussi pu découvrir quelques détails que je n'avais pas eu le temps de voir à l'écran. On appréhende et comprend les scènes plus facilement car l'endroit est toujours indiqué au début de la scène, on s'y perd ainsi beaucoup moins.

Ce livre n'est clairement pas essentiel mais les fans sauront vraiment l'apprécier. Surtout que l'objet en lui même est vraiment très beau ! La couverture où figure le titre peut se retirer pour découvrir la silhouette d'un petit niffleur sur la couverture rigide du livre. A l'intérieur, de nombreuses illustrations inspirées de l'art nouveau sont présentes, nous plongeant un peu plus dans ce New York des années 20.