Morag MacPherson et Heather MacKintosh, deux petites fées écossaises ayant quitté précipitamment leur terre natale, et fraîchement débarquées à New York, découvrent un monde qu’elles n’auraient jamais pu imaginer : un monde où les sans-abris meurent dans l'indifférence générale, un monde où les gens ont à peine de quoi payer leur logement, un monde qui n’a, tout de même, pas l’air de tourner bien rond. Mais plus elles vont vouloir changer les choses et aider Dinnie et Kerry, deux humains qu’elles ont rencontrés à leur arrivée, plus ce sera… pire!
Note : 3,5 / 5
Les fées, c'est gentil, c'est mignon. Même le titre semblait indiquer quelque chose de très positif. Mais détrompez-vous : les fées de Martin Millar font des reprises garage-punk de classiques écossais, elles boivent beaucoup trop et sont très vulgaires. Alors lorsqu'elles arrivent à New York, sur les territoires de fées qu'elles ne connaissent pas, et qu'elles décident d'aider les humains qu'elles croisent dans les bas-fonds de la ville, ça risque de mettre un sacré chantier.
Et je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à un contexte aussi décalé. Martin Millar s'attarde vraiment sur les pires facettes de l'humanité et joue avec pour nous faire rire. Les fées n'évoluent qu'au milieu des plus tristes quartiers de New York et côtoient deux humains parmi les plus misérables : Dinnie, qui vit sans le sous dans un appartement qu'il loue au noir au dessus d'un théâtre. C'est un horrible personnage, dégoûtant, gros et vulgaire. Et Kerry, une jeune femme tout aussi fauchée, atteinte de la maladie de Crohn. Elle est enjouée, aime l'art et cherche a se venger de son ex petit ami.
Les fées, en aidant ces humains, vont créer des situations tellement pathétiques que le lecteur ne pourra s'empêcher de rire. On va suivre de nombreux autres personnages comme Magenta, une SDF qui délire complètement en se prenant pour Xénophon, et suivre l'avancement de la rébellion dans le royaume des fées. Car à force de vouloir calquer la société humaine, le royaume des fées va entrer dans la révolution industrielle et faire beaucoup de malheureux.
Chaque chapitre alterne donc plusieurs histoires, plusieurs points de vus. Si c'est une lecture plutôt laborieuse et difficile à suivre au début, on se rend vite compte que tous ces destins vont être liés. C'est aussi ce procédé qui aide au comique car chaque scène finit par faire écho à une autre.
Martin Millar dresse ainsi une véritable satire de la société grâce à sa vision décalée des fées. C'est une aventure vraiment délirante qu'il nous offre, tout en abordant des thèmes plutôt difficiles comme la maladie ou la folie et en nous montrant notre société telle qu'elle est. Dommage que certaines scènes soient répétitives, la fin tarde alors qu'elle est vraiment très touchante et drôle. Et c'est toute la force de ce livre : Martin Millar arrive terriblement bien à nous faire rire tout en nous délivrant un récit poignant.