mercredi 28 décembre 2022

Widjigo - Estelle Faye


Widjigo - Estelle Faye

En 1793, Jean Verdier, un jeune lieutenant de la République, est envoyé avec son régiment sur les côtes de la Basse-Bretagne pour capturer un noble, Justinien de Salers, qui se cache dans une vieille forteresse en bord de mer. 
Alors que la troupe tente de rejoindre le donjon en ruines ceint par les eaux, un coup de feu retentit et une voix intime à Jean d'entrer. À l'intérieur, le vieux noble passe un marché avec le jeune officier : il acceptera de le suivre quand il lui aura conté son histoire. 
Celle d'un naufrage sur l'île de Terre-Neuve, quarante ans plus tôt. Celle d'une lutte pour la survie dans une nature hostile et froide, où la solitude et la faim peuvent engendrer des monstres...

Note : 3 / 5

Une lecture assez différente des autres livres d'Estelle Faye, j'ai bien aimé sans pour autant avoir trouvé cela exceptionnel, mais on retrouve avec plaisir la plume de l'auteure dans ce thriller fantastique.

Je ne lis pas souvent de thriller et pourtant j'ai quand même réussis à trouver le récit assez classique. Ce flou du début qui évolue en tension jusqu'au dénouement final, c'est ce qui fait les thrillers selon moi, donc pas de surprise ici. Estelle Faye mélange historique (période de la Terreur de la Révolution française) à une dimension fantastique avec cette étrange créature, le Widjigo, qui va semer la peur dans la troupe qui va devoir traverser Terre-Neuve suite à un naufrage

Le récit est en fait sur deux temporalités, le personnage principal va se faire arrêter et raconte ce qu'il s'est passé 40 ans plus tôt. Les passages dans le présent ne sont pas très intéressants mais servent simplement à faire durer le suspense. Je dois avouer que j'ai trouvé cela un peu long et j'avais hâte de découvrir enfin le dénouement. Et la fin est malheureusement un peu vite expédiée, je n'ai pas eu ce "wow" attendu, malgré le retournement de situation inattendu sur le personnage principal.

Heureusement, le style d'Estelle Faye est toujours aussi merveilleux. C'est fluide, avec de belles descriptions qui nous mettent très bien dans cette ambiance pesante et humide des espaces sauvages et froids de Terre-Neuve. J'aurais aimé que les histoires des différents personnages soient un peu mieux amenées (je pense notamment à l'histoire avec Salaun et Justinien qui arrive franchement de nulle part), au final on oublie vite les personnages qui disparaissent (mais je pense que c'est fait exprès ?) et on se concentre sur la survie et les propres démons de Justinien.

Ce fut une lecture rapide et satisfaisante, je n'en attendais pas forcément plus, mais malheureusement je sens que je vais très vite oublier ce livre, il ne m'a pas marqué plus que cela.


Widjigo
18,90€ / 249 pages / 9782226457431

mercredi 21 décembre 2022

Les sentiers des astres, tome 1 : Manesh - Stefan Platteau

Les sentiers des astres, tome 1 : Manesh - Stefan Platteau

Quelque part dans la nordique forêt du Vyanthryr, les gabarres du capitaine Rana remontent le fleuve vers les sources sacrées où réside le Roi-diseur, l’oracle dont le savoir pourrait inverser le cours de la guerre civile. À bord, une poignée de guerriers prêts à tout pour sauver leur patrie. Mais qui, parmi eux, connaît vraiment le dessein du capitaine ? Même le Barde, son homme de confiance, n’a pas exploré tous les replis de son âme. Et lorsque les bateliers recueillent un moribond qui dérive au fil de l’eau, à des milles et des milles de toute civilisation, de nouvelles questions surgissent. Qui est Le Bâtard ? Que faisait-il dans la forêt ? Est-il un danger potentiel, ou au contraire le formidable allié qui pourrait sauver l’expédition de l’anéantissement pur et simple ?

Note : 2,5 / 5

J'aurais adoré vous dire que j'ai beaucoup aimé ce livre, mais à la fin de mon écoute la seule phrase qui me vient est "tout ça pour ça ?" Les sentiers des astres est une série exigeante, l'univers est complexe et mystique, mais malheureusement la sauce n'a pas du tout pris.

Pour commencer j'ai eu énormément de mal à différencier tous les personnages. Ils sont vraiment nombreux, avec des noms compliqués à retenir (surtout à l'écoute) et au final je n'ai réussi qu'à m'attacher à Fintan, le barde, narrateur du récit et que l'on arrive bien à cerner. J'ai particulièrement eu du mal avec Manesh, qui est pourtant au centre de l'histoire, principalement à cause de son côté demi-dieu que j'ai trouvé pénible et peu crédible.

En général, les livres qui traitent et mélangent mystique, divin et réalité, ça passe ou ça casse. Ici, je n'ai pas trouvé cela convaincant. C'est très compliqué de mêler des êtres surpuissants et volatils aux humains sans rendre cela ridicule. Le style très lent et descriptif aurait cependant du aider à nourrir l'ambiance mystique, mais j'ai trouvé que ça manquait de poésie et d'émotion et qu'au final le récit tirait vraiment en longueur.

J'ai mis beaucoup de temps à me plonger dans l'histoire et à comprendre où voulait nous emmener l'auteur. Au final c'est une histoire assez classique sur deux temporalités : nous suivons dans le présent Fintan et ses compagnons à la recherche d'aide mystique pour leur pays qui est en guerre, ils vont tomber par hasard sur Manesh qu'ils vont sauver et son histoire initiatique, à la poursuite de ses origines divines, va entrecouper le récit. Et qu'est ce que c'est long... car Manesh commence vraiment au tout tout début de son histoire... de sa plus tendre enfance jusqu'au moment où il tombe sur la troupe de Fintan. J'ai de nombreuses fois du faire machine arrière car je me rendais tout d'un coup compte que je n'avais plus écouté depuis de nombreuses minutes...

C'est vraiment dommage car certaines scènes sont marquantes et réussies, mais elles se noient au milieu de toutes ces descriptions et cette lenteur. La fin m'a également déçue, tout cet apitoiement alors qu'on sait très bien qu'un certain personnage va s'en sortir malgré le cliffhanger qui termine ce premier tome. L'auteur essaye tellement de nous faire croire que houlala attention ce personnage va mourir que l'on y croit juste pas du tout.

C'est donc une petite déception pour moi et je ne pense pas lire la suite. J'avais entendu tant de bien de cette série mais de mon côté je n'ai vraiment pas du tout accroché.


Les sentiers des astres, tome 1 : Manesh
9,90€ / 728 pages / 9782290127957

mercredi 14 décembre 2022

La passeuse de mots, tome 1 - Alric & Jennifer Twice


La passeuse de mots, tome 1Alric & Jennifer Twice

Dans le royaume de Hélios, les mots ont un pouvoir. Celui de créer, d’équilibrer, puis de détruire le monde. Lorsqu’on les prononce, aucun retour en arrière n’est possible. 
Arya, une jeune fille de la capitale, est passionnée de livres. Elle en dévore chaque mot. Mais elle est loin de se douter qu’elle est la clé pour sauver son royaume, le seul qui ait restreint l’utilisation de la magie grâce à un traité. Un traité qui ne plaît pas aux rebelles, prêts à tout pour l’éradiquer. 
À l’aube des changements qui s’annoncent, les Mots se réveillent pour établir l’ordre dans le chaos, la vérité dans l’illusion. Ils attendent leur Appel. Celui de la Passeuse de Mots.

Note : 4 / 5

Quelle aventure ! Je suis passée par tellement d'émotions différentes, j'ai découvert tant d'endroits uniques, avec leurs propres péripéties et enjeux. La Passeuse de Mots est un grand périple de fantasy comme on les aime et j'ai trouvé ce premier tome vraiment réussi.

J'ai pourtant eu un peu de mal au début. Déjà parce que j'ai du me faire au style (je regrette le choix du récit à la première personne, c'est quelque chose que je n'aime pas vraiment) et surtout au personnage, Arya, que l'on va suivre. Un personnage un peu classique, qui aime les livres, les pâtisseries et son temps calme. Mais le récit va vite prendre une tournure dramatique qui va changer notre personnage principal à jamais.

La façon dont Arya reçoit ses pouvoirs et se retrouve avec notre cher voleur Killian reste vraiment confus et un peu brouillon selon moi. J'espère que l'on en découvrira plus dans les prochains tomes car pour moi ce don et ce compagnon venus de nulle part entachent un peu le reste du récit.

Car le reste du récit, qu'est ce que j'ai pris mon pied ! J'ai encore un peu du mal avec les personnages d'Arya et Killian alors que j'aime d'amour Saren et Alric, mais qu'est ce que leurs relations sont intéressantes ! Leur petit groupe hétéroclite me fait vraiment fondre et j'ai hâte de suivre la suite de leurs aventures (je sens que je vais me retrouver avec le cœur brisé dans tout ça) J'espère cependant qu'il y aura d'autres personnages féminins importants dans les prochains tomes, car j'ai bien peur qu'Arya finisse par me lasser un peu... surtout avec le triangle amoureux qui se dessine.

On a beau suivre le récit à travers les yeux d'Arya, elle a vraiment un don pour sonder les autres et savoir ce qu'ils pensent et ressentent. Il y a beaucoup de descriptions à cœur ouvert qui rendent les relations vraiment profondes et intéressantes, c'est vraiment la force du livre selon moi. Au final le récit à la première personne m'a moins dérangé que je ne pensais, car il y a des passages étonnement omniscients.

Et l'univers ! Comme je l'ai dit au début, quelle aventure ! Les auteurs ont une imagination débordante ! Un prince disparu, le vol organisé d'une banque digne de Gringotts, pris dans les griffes de vampires, un voyage sur un bateau pirate, la découverte d'une cité merveilleuse façon Atlantide ; vous trouverez forcément votre compte ! Il s'est déjà passé tant de choses dans ce premier tome, pourtant lorsqu'on regarde la carte de l'univers, ce n'est qu'une toute petite partie que l'on a découvert.

Ce premier tome est étonnant car il réussit à la fois à prendre son temps en développant l'univers et les personnages à travers des descriptions et moments vraiment profonds et lents, mais arrive tout de même à nous embarquer dans une aventure grandiose avec de nombreux rebondissements et éléments différents. Le rythme est bien dosé et m'a vraiment emporté. J'ai hâte de lire la suite !


La passeuse de mots, tome 1
18,00€ / 736 pages / 9782016285916

mercredi 7 décembre 2022

L'île de Silicium - Chen Qiufan

L'île de Silicium (The Waste Tide) - Chen Qiufan

Xiaomi travaille sur l'île de Silicium, située au large de la Chine, où les appareils électroniques du monde entier sont envoyés au recyclage. Comme elle, des milliers de migrants sont attirés sur cette île polluée par la promesse d'une vie meilleure. Mais ceux que l'on surnomme les "déchetiers" demeurent à la merci de puissants chefs de clan. Alors qu'un conflit se trame entre les trois clans rivaux, des investisseurs américains et des écoterroristes, Xiaomi découvre les débris d'une mystérieuse prothèse qui risque de changer le cours de leurs destins.

Note : 1 / 5

L'avis de mon chéri :

Entrons immédiatement dans le vif du sujet, L'Île de Silicium m'a fait l'effet d'un ovni, dans le mauvais sens que cela implique. 

L'absence de mise en place claire empêche de situer l'action géographiquement et temporellement. Beaucoup d'éléments éparses confluent vers l'idée d'une technologie avancée et l'on serait donc dans de la science-fiction, or le cadre de l'île paraît extrêmement réaliste et contemporain. Bien sûr, cela rejoint l'idée selon laquelle l'anticipation n'est qu'une extrapolation de la société contemporaine et sert à accentuer ses travers pour les rendre plus visibles. Mais nous sommes ici dans une sorte d'entre-deux qui tend plutôt vers la sociologie classique. L'enjeu semble seulement de dénoncer les vices cachés de l'île et surtout sa gestion corrompue. Dans ce cas, la forme d'un essai, mieux documenté, aurait été préférable. En effet, passé ce problème de contexte, toute l'intrigue va dans ce sens de drame sociologique. 

À l'introduction manquante se substitue une ouverture sur une réunion entre un gouvernement extérieur et un des chefs de clan de l'île. Avant même de savoir quoique ce soit du cadre, nous sommes jetés dans un conflit d'intérêts et de pouvoir abscons puisque nous ne savons rien des protagonistes ni des tenants et aboutissants de la négociation. Ceci est malheureusement symptomatique dans l'écriture de Chen Qiufan. Les personnages s'enchainent, se rejoignent ou non, disparaissent, réapparaissent, dans une tentative de roman chorale maladroit où aucune des intrigues ne s'imbriquent vraiment assez pour former un terreau propice à l'émergence d'un fil conducteur. Les quelques excursions dans le futur au travers notamment des vestiges de mechas obsolètes ou des drogues de synthèse offrant des shoots de VR offrent une bonne dose d'originalité et d'idées intéressantes à explorer. Seulement ce n'est absolument pas le cœur du propos et cela reste traité de manière très superficielle, au profit du développement de luttes de pouvoir internes plus proche du genre polar mafieux.

Quel qu'en soit le sujet, un roman peut toujours être rattrapé grâce à un style agréable, le choix de l'auteur de porter toute l'attention sur des relations et dialogues sommes toutes triviaux dénonce le dernier défaut de l'ouvrage, un style pénible qui va de pair avec cette ambiance. Les chapitres s'alourdissent constamment de passages descriptifs sans relief. L'on s'attarde un peu trop souvent sur le paysage de cette île poubelle et ce n'est pas le vocable qui la rendra plus accueillante, nous en restons à la surface nauséabonde et morne. 

Comme l'ovni, L'Île de Silicium a attisé ma curiosité et le badaud que je suis s'en est allé sur le lieu du crash mais est resté pantois face à cet objet hors d'atteinte dans lequel il n'a pas réussi à entrer. Je laisse la chance à l'équipe de spécialistes (toujours charmer le lectorat) à tirer ses propres conclusions plus informées que les miennes qui pensait avoir affaire ici à de la science-fiction.

L'île de Silicium
23,00€ / 416 pages / 9782743657840