mercredi 27 mai 2020

Raison et Sentiments - Jane Austen


Raison et Sentiments (Sense and Sensibility) - Jane Austen

Raison et sentiments sont joués par deux soeurs, Elinor et Marianne Dashwood. Elinor représente la raison, Marianne le sentiment. La raison a raison de l'imprudence du sentiment, que la trahison du beau et lâche Willoughby, dernier séducteur du XVIIIè siècle, rendra raisonnable à la fin. Mais que Marianne est belle quand elle tombe dans les collines, un jour de pluie et de vent.

Note : 3,5 / 5


Tout premier livre publié par l'auteure, je crois que c'est le roman de Jane Austen que j'ai le moins aimé pour le moment (il me reste Persuasion et Mansfield Park à découvrir)

Pourtant il a tout ce qui fait la spécificité de l'auteure britannique : un récit au style indirect très étoffé, des personnages aux caractères bien affirmés et des péripéties amoureuses qui finissent plus ou moins bien.

Mais Raison et Sentiments n'est pas aussi pétillant que ses autres romans. Il m'a même assez déprimé par moments. Le comportement des personnages masculins (qui forcément pose question à un moment donné de l'histoire -classique !) n'est pas facilement excusable. J'ai même trouvé que Marianne et Elinor leur pardonnaient un peu rapidement... A part le colonel Brandon, j'ai eu beaucoup de mal à apprécier les autres prétendants.

J'ai également trouvé que ce livre avait un problème de rythme. Certains passages sont balayés en quelques lignes alors que d'autres pas forcément intéressants sont étoffés par des dialogues de plusieurs pages. La partie à Londres est vraiment trop longue et pesante car les soeurs Dashwood n'y sont pas vraiment heureuses.

Mais je ne me suis pas ennuyée une seconde. J'ai beaucoup d'affection pour Elinor et Marianne (et j'aurais aimé pouvoir en dire autant de la troisième soeur, Margaret, qui est malheureusement trop jeune pour être intéressante pour Jane Austen apparemment...) Je suis amoureuse du style de l'auteure, même s'il ne se dévoile pas encore tout à fait dans ce livre.

Cela se sent que c'est son premier roman car il n'atteint pas la perfection d'Emma (mon préféré pour l'instant) Pourtant, Raison et Sentiments se dévore ! L'histoire est intéressante et complexe même si le récit reste maladroit et assez triste.

" The more I know of the world, the more am I convinced that I shall never see a man whom I can really love. I require so much! " - Marianne, Raison et Sentiments


Raison et Sentiments
6,60€ / 384 pages / 9782264058256

mercredi 20 mai 2020

❤ Le Prieuré de l'Oranger - Samantha Shannon


Le Prieuré de l'Oranger (The priory of the orange tree)- Samantha Shannon

Un monde divisé. Un reinaume sans héritière. Un ancien ennemi s'éveille. La maison Berethnet règne sur l'Inys depuis près de mille ans. La reine Sabran IX qui rechigne à se marier doit absolument donner naissance à une héritière pour protéger son reinaume de la destruction, mais des assassins se rapprochent d'elle... Ead Duryan est une marginale à la cour. Servante de la reine en apparence, elle appartient à une société secrète de mages. 
Sa mission est de protéger Sabran à tout prix, même si l'usage d'une magie interdite s'impose pour cela. De l'autre côté de l'Abysse, Tané s'est entraînée toute sa vie pour devenir une dragonnière et chevaucher les plus impressionnantes créatures que le monde ait connues. Elle va cependant devoir faire un choix qui pourrait bouleverser son existence. Pendant que l'Est et l'Ouest continuent de se diviser un peu plus chaque jour, les sombres forces du chaos s'éveillent d'un long sommeil... 
Bientôt, l'humanité devra s'unir si elle veut survivre à la plus grande des menaces.

Note :  coup de cœur

Le Prieuré de l'Oranger a eu un succès fou lors de sa sortie. On voyait ce livre littéralement partout et tout le monde n'en disait que du bien. J'en attendais donc beaucoup et je n'ai vraiment pas été déçue !

Mais par où commencer ? Ce livre est tellement dense, l'aventure est tellement longue et épique, les personnages évoluent tellement qu'il est difficile de savoir par quoi débuter. En tout cas, je suis tout de suite tombée amoureuse de l'univers. C'est de la fantasy assez classique à la Game of Thrones avec des rivalités entre les différents pays aux cultures très différentes, des complots politiques et surtout : des dragons !

Des dragons, nous découvrons très vite qu'il y en a des bons et des mauvais. Le récit est d'ailleurs centré autour d'une figure maléfique, the Nameless One, que les différents protagonistes de l'histoire vont devoir combattre ensemble. Ce fire-breather démoniaque a été enchaîné il y a plus de cent ans, mais son retour semble imminent et cela va changer le monde.

Depuis sa première apparition, c'est de nombreuses cultures qui ont été construites autour de son bannissement. A l'ouest, nous avons Inys, un royaume dont les dirigeantes se proclament descendantes de Cleolind, celle qui a scellé the Nameless One. Leur religion autour des sept vertus encourage la haine envers tous les dragons. Le royaume d'Yscalin quant à lui, vénère le dragon maléfique et prépare son retour. Toujours à l'ouest, nous avons également le domaine qui a donné son nom au livre : le Prieuré de l'Oranger et ses secrets. A l'est, de l'autre côté de l'Abyss où a été scellé the Nameless One, nous avons les adorateurs des dragons (des vrais dragons). Si les fire-breathers sont affiliés au feu, les dragons sont eux affiliés à l'eau. Sur l'île du royaume de Seiiki, de nombreux habitants s'entraînent toute leur vie pour espérer devenir des chevaucheurs de dragons et protéger le monde des fire-breathers.

Tout cela nous l'apprenons grâce aux nombreux personnages que l'auteure nous fait suivre. Le livre est vraiment très complexe au début, il faut garder la carte du monde à portée de mains. Nous alternons entre l'est et l'ouest qui ont chacun plusieurs personnages importants. A l'ouest nous suivons Ead qui a été envoyée par le Prieuré afin de protéger Sabran, la reine d'Inys ; et Loth qui a été exilé au royaume draconique d'Yscalin pour avoir été trop proche de cette dernière. A l'est nous avons Tané qui s'entraîne pour devenir la cavalière d'un dragon ; et Niclays Roos, un alchimiste, banni à Orisima pour avoir déçu Sabran. J'ai adoré tous ces personnages, tous ! Même les plus belliqueux, ceux qui mériteraient qu'on les déteste ! Samathan Shannon arrive tellement bien à nous mettre dans la peau de chacun, à nous faire comprendre leur point de vue et les difficultés par lesquels ils sont passé qu'il est impossible de les détester.

Ce livre, c'est juste une claque. Tout est maîtrisé, précis, percutant et si intéressant. Une fois dedans (ce qui peut mettre un peu de temps, je vous l'accorde) on ne lâche plus l'univers ! L'imagination de l'auteure est juste dingue, les royaumes sont tous tellement différents, tellement riches ! (mention spéciale aux repas qui sont décrit d'une précision qui vous met l'eau à la bouche -oui c'est un détail important !) Les personnages évoluent énormément, les relations entre eux sont naturelles, belles et surtout diverses ! L'homosexualité est tellement bien traité dans ce livre (à savoir : comme on le ferait d'une relation hétéro) Malgré sa longueur, c'est donc un livre très agréable à lire, je me suis régalé et j'ai l'impression d'avoir vécu toute une vie aux côtés de tous ces personnages.

Alors oui, j'aurais aimé en apprendre plus sur les royaumes de l'est et leur vénération des dragons que l'on voit assez peu au final. Oui j'ai été fascinée par Yscalin et j'aurais aimé que ce passage soit plus approfondi. La fin est un peu trop rapide selon moi (tout est si élaboré et posé durant tout le livre que j'aurais aimé suivre les préparations et les personnages un peu plus longtemps après le dénouement !) Et l'objet livre est beaucoup, beaucoup trop gros pour être agréable à lire (j'arrive toujours pas à croire que j'ai réussi à éviter l'entorse !) Mais le récit dans son ensemble est tellement génial, tellement bien fait qu'on oubli facilement tout cela. Et pour couronner le tout, c'est un one-shot ! Que demander de plus ?

Pour une fois, ce livre mérite clairement la hype qu'il y a autour de lui depuis quelques mois. C'est un récit ambitieux, de la vraie bonne fantasy et une histoire qui va m'habiter pendant longtemps.

" In darkness we are naked. Our truest selves. Night is when fear comes to us at its fullest, when we have no way to fight it. [...] It will do everything it can to steep inside you. Sometimes it may succeed - but never think that you are the night. " - Ead, Le Prieuré de l'Oranger


Le Prieuré de l'Oranger
24,90€ / 987 pages / 9782378760373

mercredi 13 mai 2020

Cogito - Victor Dixen


Cogito - Victor Dixen

Un don du ciel... 
Roxane, dix-huit ans, a plongé dans la délinquance quand ses parents ont perdu leur emploi, remplacés par des robots. Sa dernière chance de décrocher le Brevet d'Accès aux Corporations : un stage de programmation neuronale, une nouvelle technologie promettant de transformer n'importe qui en génie. 
...ou un pacte avec le diable ? 
Pour les vacances de printemps, Roxane s'envole pour les îles Fortunées, un archipel tropical futuriste entièrement dédié au cyber-bachotage. Mais cette méthode expérimentale qui utilise l'intelligence artificielle pour " améliorer " la substance même de l'esprit humain est-elle vraiment sûre ? En offrant son cerveau à la science, Roxane a-t-elle vendu son âme au diable ? Demain, l'intelligence artificielle envahira toutes les strates de la société. 
L'ultime frontière sera notre cerveau.

Note : 3 / 5


Reçu dans la box Mille et un livres spéciale Victor Dixen, j'ai mis un peu de temps avant de le lire car j'en avais vraiment marre de le voir partout. Maintenant que la vague est un peu retombée je le découvre enfin et je me rends compte que les livres de Victor Dixen ne sont tout simplement plus fait pour moi.

Dans le genre science-fiction, les livres d'anticipation comme Cogito sont généralement ceux que j'aime le moins. Moi ce que j'aime c'est l'espace, les nouvelles races et cultures, être vraiment dépaysée quoi. Mais je dois dire que le monde futuriste créé par Victor Dixen m'a beaucoup plu. J'ai tout de suite réussi à me le représenter. Cette société hyper connectée où les robots prennent beaucoup de place est vraiment intéressante.

Mais ces robots ne font pas que le bien. C'est tout le propos du livre d'ailleurs : réussir à trouver un équilibre entre les humains et les machines. Roxane, le personnage principal, est le fruit des problèmes de cette société. Père alcoolique, mère décédée dans un accident de travail, la famille de Roxane chute de plus en plus à mesure que les robots prennent toujours plus de place dans la société. Ses parents étaient comptables et vivaient très bien avant d'être remplacés par des robots. Maintenant ils vivent dans les étages les plus bas du Bois-Joli et Roxane sombre dans la délinquance. Sa seule chance d'échapper à son groupe de copines qui la tire vers le bas est de réussir son BAC. Mais pour avoir accès aux corporations et à un avenir, il faut viser le 19,5/20 ! Sa seule solution : être acceptée en tant que boursière au stage de programmation neuronale de Noosynth (spoiler alert : elle va être prise)

Mais dès les premières pages aux côtés de Roxane je déchante : le récit à la première personne nous annonce tout de suite qu'on va devoir être collé aux baskets de ce personnage. Et ce personnage est tellement cliché (on parle de mèche devant les yeux, de collier à clous et de rouge à lèvre noir quand même) que j'ai eu du mal à m'y attacher. Victor Dixen s'est peut-être un peu trop forcé pour plaire aux jeunes. Et ça ne se limite pas qu'à Roxane, il y a aussi une bonne dose de romance gentillette, des passages éducatif (qui sont intéressants, mais restent beaucoup trop en surface -faudrait pas perdre les ados !), de la recherche de soi, de l'héroïsme et une fin carrément utopique (et du coup pas du tout plausible) Bref, il coche les cases. Mais ce qui est étonnant c'est que c'est vraiment maîtrisé, c'est bien écrit, on sent que Victor Dixen a bossé, qu'il a fait des recherches, qu'il a voulu bien faire. Mais avec moi, ça ne marche plus. C'est beaucoup trop jeunesse, beaucoup trop propre !

Et c'est dommage parce que du coup tout est en surface. Ses propos autour de l'intelligence artificielle sont vraiment intéressants mais il ne va pas assez loin. C'est une dissertation parfaite, comme celle que l'on attend au lycée : il utilise les propos des grands noms de la philosophie et de la science pour appuyer le sien et faire avancer son histoire. Mais il ne transcende pas toutes ces pensées, il en fait simplement un catalogue jusqu'au point de rupture classique où la machine se retourne contre son créateur.

Mais les ados vont adorer ! Le livre coche toutes les cases qu'il faut, il est parfait. Victor Dixen a vraiment bossé pour qu'il le soit et j'en suis vraiment admirative. Mais avec moi ça ne marche plus, ça ne m'intéresse plus. J'attends vraiment autre chose de mes lectures. Bref, je suis vieille. Mais ça ne m'empêchera pas de le conseiller.


" Les livres sont des armes pour survivre, [...] leurs histoires nous aident à surmonter les épreuves de la vie. " - Cogito


Cogito
19,90€ / 537 pages / 9782221241721

mercredi 6 mai 2020

Silo, tome 1 - Hugh Howey


Silo, tome 1 (Wool)Hugh Howey

Dans un futur postapocalyptique indéterminé, quelques milliers de survivants ont établi une société dans un silo souterrain de 144 étages. Les règles de vie sont strictes. Pour avoir le droit de faire un enfant, les couples doivent s’inscrire à une loterie. Mais les tickets de naissance des uns ne sont redistribués qu’en fonction de la mort des autres. 
Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo pour y trouver la mort au contact d’un air toxique. Ces condamnés doivent, avant de mourir, nettoyer à l’aide d’un chiffon de laine les capteurs qui retransmettent des images de mauvaise qualité du monde extérieur sur un grand écran, à l’intérieur du silo. 
Ces images rappellent aux survivants que ce monde est assassin. Mais certains commencent à penser que les dirigeants de cette société enfouie mentent sur ce qui se passe réellement dehors et doutent des raisons qui ont conduit ce monde à la ruine.
Note : 4,5 / 5


La critique de mon chéri :

Las de me voir vagabonder pendant des heures dans les terres désolées de Fallout votre hôte habituelle m'a convaincu de lui laisser la console pour aller lire Silo. Je n'ai effectivement pas été dépaysé les deux partagent le même contexte mais à l'inverse de Fallout, il n'est pas question de sortir dans Silo

Avant toute chose, la genèse épisodique de Silo lui offre une entrée en matière des plus exaltantes. Les premiers chapitres se détachent quelque peu du reste de l'histoire mais ont l'avantage de nous mettre immédiatement au cœur de l'action et des manigances qui feront toute la verve du livre. Ce qui fait que nous sommes très vite happé dans l'univers riche mais restreint du silo.

Après cette ouverture sans concessions, le rythme se calmera un peu pour développer plus profondément tous les aspects de la vie dans le silo. Le silo se compose d'une centaine d'étages qui séparent les mécaniciens et leur machinerie des bureaux administratifs servant de mairie et commissariat. Bien sûr, les mécanos vivent dans l'obscurité des étages les plus enfouis tandis que les personnes de pouvoir au plus proche de la surface profitent de la vue. Pourtant c'est bien dans les profondeurs du silo que se joue sa survie puisque tous les mécanismes de purification de l'air, de production d'électricité et de nourriture s'y trouvent. Les choses semblent amenées à changer lorsque c'est Julie, technicienne de son état, qui est choisie pour remplacer l'ancien shérif. C'est par l'intermédiaire de son ascension que nous en apprendrons plus sur le fonctionnement du silo. Rapidement, avec les premiers questionnements de Julie suite à son nouveau statut, la sensation de sécurité du silo où tout est parfaitement réglé laissera place à des vérités bien plus sombres.

Avec sa société coincée dans un gigantesque abri anti-atomique, Silo reprend tous les codes du post-apocalyptique et de la dystopie. Point de surprise dans les paysages aussi vides et désolés que radioactifs. Ni dans la population enclavée et entièrement contrôlée à son insu. Mais ceci n'est pas un reproche, loin de là. S'il est classique, ce cadre est parfaitement traité et permet par la suite de se concentrer sur le véritable talent d'Hugh Howey : le suspens. À chaque fois qu'un axe narratif semble bien engagé et sans commissure vient un nouvel élément renversant tous les acquis du lecteur et des personnages. Les pauvres sont logés à la même enseigne et nous découvrons en même temps qu'eux les secrets bien gardés de la gestion du silo. Pourtant il n'y a aucun temps mort car chacune de ces découvertes fait immédiatement bifurquer le récit sur une nouvelle voie cherchant à la résoudre. Heureusement, car toutes ces questions sont brûlantes et notre curiosité ne demande qu'à les éclaircir. Il n'est pas question, comme à l'accoutumé, de distiller quelques mystères tout du long et de seulement les résoudre dans un final grandiloquent, et souvent décevant. Chaque nouvelle information pose des questions qui se résolvent à leur rythme et conduisent fatalement à une autre question ébranlant encore plus les convictions inhérente à la vie dans le silo. Chacun de ces éléments perturbateur est une vraie surprise, et nous sommes emporté de l'un à l'autre sans aucune précaution, jusqu'à des conséquences totalement insoupçonnées. 

Donc au sein de ce cadre classique, Hugh Howey arrive à nous surprendre sans cesse et fait de Silo un livre haletant qu'il est dur de lâcher.


Silo, tome 1
8,90€ / 739 pages / 9782253183532