samedi 30 avril 2016

Haut-Royaume, tome 2 : L'Héritier - Pierre Pevel



Haut-Royaume, tome 2 : L'Héritier - Pierre Pevel

La Garde d'Onyx, garante de l'autorité souverain, est en deuil. Après les derniers événements qui ont déchiré le Haut-Royaume, le prince Alan a pris le commandement de ces hommes, et nombreux ceux désireux de rejoindre leurs rangs. 
Mais la reine, aussi ambitieuse qu'impitoyable, est bien décidée à gouverner à la place de son époux mourant. Menacé par la guerre civile et les luttes de pouvoir, le Haut-Royaume ne cesse de se fragiliser... 
Les desseins du Dragon du Destin sont obscurs, mais finissent toujours par s'accomplir.

Note : 4 / 5


Il y a quelques jours Pierre Pevel a annoncé la sortie pour fin mai d'une série dérivée en trois tomes du Haut-Royaume, intitulée Haut-Royaume : Les Sept Cités. Et comme les Imaginales approchent à grands pas (du 26 au 29 mai), et que l'auteur sera présent, il était temps que je me plonge dans la suite de la série originale que, définitivement, j'aime beaucoup.

Le début m'a complètement laissé bouche bée. Non, ça ne pouvait pas être possible, je ne pouvais y croire ! Et pourtant, Pierre Pevel a fini par complètement me mener en bateau, je me suis résignée, et la fin de la première partie n'en a été que plus stupéfiante ! Monsieur Pevel, vous m'avez eu !

J'ai d'ailleurs beaucoup aimé cette première partie car au lieu de suivre Lorn, le héros, comme dans le premier tome, on suit Alan, son ami d'enfance. Celui ci est vraiment différent de Lorn, il a tendance a vraiment douter, et sa vision de la Garde d'Onyx dont il a prit le commandement en l'absence de Lorn n'est pas la même. Sans vraiment s'en rendre compte, il va ainsi la changer, lui donner un autre visage tout en lui donnant une certaine renommée.

Dans ce deuxième tome, le Haut-Royaume est toujours au plus mal, car le roi l'est lui même. Entre jeux de pouvoirs, guerres inutiles et faux pas, on pense de nombreuses fois que c’en est fini de ce royaume, mais c'est sans compter sur Lorn. Lorn qui est toujours aussi torturé, Lorn a qui le lecteur s'attache sans pour autant réussir à vraiment lui faire confiance. Dévoré par l'Obscure, ce mal dont il souffre depuis qu'il a été enfermé à Dalroth dont on l'a libéré dans le premier tome, ce mal le transforme, le change en monstre. Mais c'est aussi de lui que Lorn tient sa force et son étonnante régénération. Au fil des chapitres, il va apprendre à composer avec l'Obscure, et à même s'en servir. C'est un personnage que j'aime beaucoup, qui fait les choses comme il l'entend, impulsivement, mais des choses fortes et souvent justes.

Il m'est difficile de parler de ce deuxième tome sans vous en gâcher la lecture, car l'intrigue est faite de complots, de révélations et surprend de nombreuses fois. Les scènes sont toujours aussi fortes, épiques, et elles restent définitivement gravées dans la mémoire. Ma vision du monde reste cependant un peu floue (il faudrait définitivement une carte !) mais j'aime toujours autant les extraits des Chroniques (des écrits racontant l'histoire du monde du Haut-Royaume) que l'on retrouve au début de chaque chapitre.

Un seul petit bémol sur les passages à l'Assemblée d'Ir'Kans, qui me semblaient déjà stériles dans le premier tome, et m'ont définitivement parus brouillons dans la suite. Les membres de cette Assemblée œuvrent pour le destin, pour que celui voulu par le Dragon du Destin puisse se réaliser. Mais ils s'embrouillent, ne savent pas eux même et au final j'ai trouvé cette Assemblée absolument inutile, si ce n'est pour cette fameuse prophétie que chaque livre de fantasy semble posséder...

Encore une fois, Pierre Pevel a su complètement me plonger au cœur des tourments du Haut-Royaume, l'aventure est toujours aussi haletante et loin d'être finie, la fin annonçant une suite sur plusieurs générations. Je suis conquise et j'attends la suite ainsi que la série dérivée (qui j'espère va nous en apprendre plus sur le monde du Haut-Royaume) avec impatience ! J'ai aussi très hâte de pouvoir enfin rencontrer Pierre Pevel aux Imaginales.

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mercredi 27 avril 2016

Les Mystères de Larispem, tome 1 : Le Sang Jamais N'Oublie - Lucie Pierrat-Pajot

Les Mystères de Larispem, tome 1 : Le Sang Jamais N'Oublie - Lucie Pierrat-Pajot

Larispem 1899 - Dans cette Cité-Etat indépendante où les bouchers constituent la caste forte d’un régime populiste, trois destins se croisent… Liberté, la mécanicienne hors pair, Carmine, l’apprentie louchébem et Nathanaël, l’orphelin au passé mystérieux. Tandis que de grandes festivités se préparent pour célébrer le nouveau siècle, l’ombre d’une société secrète vient planer sur la ville. Et si les Frères de Sang revenaient pour mettre leur terrible vengeance à exécution ?

Note : 4 / 5


Au début du mois a été annoncé le grand gagnant de la deuxième édition du concours du premier roman jeunesse organisé par Gallimard : c'est ce roman dont je vous parle aujourd'hui. Après mon énorme coup de coeur pour La Passe-Miroir qui a remporté la première édition, autant vous dire que je me suis littéralement jeté sur son successeur. Et, comme je m'y attendais, je n'ai pas été déçue !

C'est un petit livre d'un peu moins de 300 pages que l'on découvre cette année, et pourtant Lucie Pierrat-Pajot arrive complètement à nous transporter dans son Paris uchronique de la fin du XIXe siècle. J'ai vraiment adoré ce Paris transformé en Etat après que la Commune ait réussi à prendre les rênes de la ville : il n'y a plus d'aristocratie, les grands de cette nouvelle ville sont les artisans, et particulièrement les bouchers. La ville s'est aussi très vite modernisée, notamment grâce à Jules Verne dont les inventions dans ses livres ont grandement inspirées les architectes et mécaniciens, donnant ainsi un côté Steampunk au livre. Lucie Pierrat-Pajot a vraiment pensé à tout et a essayé d'intégrer toutes les pensées de la Commune qui, dans notre réalité, rappelons le, n'a pas gagné (si vous n'êtes pas familier avec cette période de l'histoire, l'auteure l'explique dans les grandes lignes à la fin de son livre, je vous conseille d'aller lire ces quelques paragraphes) Ainsi, dans ce nouveau Paris, l'égalité est importante, que ce soit entre citoyens ou entre les hommes et les femmes. L'accès à l'éducation est aussi primordial et la religion carrément bannie. Son roman est ainsi vraiment bien pensé et documenté, on y croit vraiment !



Au milieu de ce contexte, le lecteur est amené à suivre différents personnages qui nous font découvrir Paris et ses nouvelles coutumes, notamment l'argot des bouchers, à travers Carmine, que je ne connaissais absolument pas et que je me suis beaucoup amusée à déchiffrer tout au long du livre. Mais je me suis surtout attachée à Liberté et à ses efforts pour se faire une place dans la Cité. Au fur et à mesure de la lecture on se rend en effet compte que ce Paris alternatif n'est pas si différent du monde actuel dans lequel on vit : il est difficile de trouver du travail et de faire ses preuves, et la menace ainsi que les différents attentas que subit la ville dans le livre m'ont tristement fait pensés à ce que l'on subit nous aussi en ce moment. Enfin, les méchants de l'histoire, les aristocrates déchus, le lecteur est aussi amené à les suivre avec Nathanaël qui est embarqué malgré lui dans cette sombre histoire de sang. Si au début on ne sait où se positionner en découvrant la ville qui, malgré les promesses de la Commune, n'est pas si utopique que ça, en suivant petit à petit les aristocrates et leurs projets pour reprendre Paris, il n'y a plus de doute sur l'identité des méchants.

Si le livre est plutôt introductif et a pour but de surtout nous habituer à ce nouveau Paris, j'attends avec impatience la suite afin de découvrir le moment où tous les personnages que l'on a pu suivre vont enfin se rencontrer. Pour moi, ce concours du premier roman jeunesse est définitivement devenu un gage de qualité tant je me reconnais dans leurs productions. De plus, une nouvelle fois, le livre objet est absolument magnifique : la couverture et sa ressemblance avec celle des livres de Jules Verne ainsi que les illustrations de Donatien Mary, dont vous avez un petit échantillon au dessus, achèvent d'immerger le lecteur dans la Cité-Etat de Larispem.

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samedi 23 avril 2016

Cité 19, tome 1 : Ville Noire - Stéphane Michaka

Cité 19, tome 1 : Ville Noire - Stéphane Michaka

Que faisait le père de Faustine à minuit au sommet de la tour Saint-Jacques ? Et qui l'a précipité dans le vide ? Convoquée pour identifer le corps, Faustine ne reconnaît pas les mains de son père. Persuadée qu'il a été kidnappé par une secte mystérieuse, elle se lance sur la piste d'un inquiétant personnage. Elle suit l'homme dans une station de métro, trébuche, perd connaissance et se réveille… 150 ans plus tôt ! Pour Faustine, c'est le début d'une série d'aventures, aux confins du thriller, de la science-fiction et de l'Histoire.

Note : 4 / 5


Lorsque je suis allée me faire dédicacer ce livre que je voulais depuis longtemps au Salon du Livre de Paris, en allant vers la caisse j'étais loin d'imaginer que j'allais faire partie des quelques chanceux à qui l'éditeur allait offrir le livre ! En plus, ce livre m'a complètement transporté et étonné, mélangeant habilement de nombreux genre comme la science-fiction et l'historique que j'aime beaucoup mais aussi le policier.

Ma sympathique dédicace, dont j'ai seulement
compris le "(presque)" une fois le livre terminé
Et pourtant le début ne m'a clairement pas emballé. J'ai tout d'abord mis un petit moment avant d'apprécier le style de Stéphane Michaka et ses tournures de phrases un peu étranges. Mais j'ai surtout eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, car le début ne m'a pas franchement passionné. Faustine est une jeune femme avec des tas de problèmes et une âme de rebelle. Au début, je l'avoue, elle m'énervait, et malgré le sort qui semblait s'acharner sur elle, je n'ai vraiment pas réussi à m'attacher à elle. Mais c'était tout simplement parce que Faustine n'était pas faite pour cette époque, aussi lorsqu'elle arrive au XIXe siècle, tout bascule, et Stéphane Michaka réussit enfin à me transporter.

Tout comme Faustine en se réveillant, la découverte de cette époque est troublante et Stéphane Michaka arrive a complètement nous y plonger. A travers Faustine qui en sait beaucoup sur le XIXe siècle et les descriptions, le lecteur apprend des tas de choses et, tout comme Faustine, se fait très rapidement au changement d'époque. Le livre prend aussi un aspect très policier que j'ai beaucoup aimé, surtout que Faustine semble être à la recherche d'un tueur qui n'a rien a envié à Jack l’Éventreur.

Mais ce qui m'a le plus surpris et qui a fait que j'ai tout simplement adoré ce livre est l'aspect science-fiction qui, au milieu du livre, prend complètement le lecteur à revers ! Je ne peux malheureusement pas vous en dire plus car ça vous gâcherait la surprise et la lecture, mais Stéphane Michaka a vraiment un don pour mélanger tous ces genres et c'est ce qui rend ce livre si exceptionnel.

J'ai terriblement hâte de lire la suite car, comme vous avez pu le voir, ce livre étonne et je ne sais absolument pas à quoi m'attendre ! J'espère juste que la romance ne prendra pas trop le pas sur le reste, car c'est un des aspects que je n'ai pas aimé non plus au début.

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dimanche 17 avril 2016

Guerre et Dinosaures - Victor Milan

Guerre et Dinosaures - Victor Milan

Paradis. Pour les dieux, un simple plateau de jeu, le théâtre de leurs passions et luttes de pouvoir. Pour les hommes, c'est une terre brutale et violente, divisée entre dynasties rivales, déchirée par les ambitions et les croyances religieuses, constamment menacée par le machiavélisme politique. 
Dans cet état de guerre règnent les dinosaures. Élevés, dressés dès leur plus jeune âge, ils deviennent des armes redoutables dominant les champs de bataille. Et c'est lors d'un affrontement épique dont le fracas pourfend la terre et déchire le ciel que l'énigmatique seigneur Karyl Bogomirskiy est défait par traîtrise et laissé pour mort. 
À son réveil, partiellement amnésique, il découvre qu'il est désormais pourchassé. Il se lance alors dans un voyage qui va faire trembler le monde, jusqu'aux trônes des dieux...

Note : 2 / 5


J'ai découvert ce livre grâce au forum Mort-Sure et j'ai eu la chance de le recevoir par le biais d'un de leurs partenariats, merci aussi à Fleuve Editions. Le titre du livre ne laissait que peu de doute quant au contenu, et ça me convenait parfaitement. Malheureusement, et même s'il y a définitivement beaucoup de dinosaures au rendez-vous, ce livre ne m'a vraiment pas convaincu et je me suis même plutôt ennuyée.

Le début nous plonge pourtant directement au coeur de l'action, à l'aube d'une bataille où, déjà, les dinosaures et leurs maîtres sèment la mort. Mais voila, dès le début, tout m'a semblé très brouillon et en surface, à commencer par cette bataille. Je devais très souvent relire certains passages car j'avais beaucoup de mal à saisir l'action. Victor Milan a un style vraiment étrange, il décrit beaucoup, mais pas ce qu'il faut, il perd ainsi le lecteur et passe complètement à côté de certains aspects que j'aurais aimé voir plus en profondeur.

Ainsi, même si l'on croise vraiment de nombreux dinosaures, ces grands monstres ne sont que de simples objets, utilisés pour la guerre ou chassés pour en faire de la nourriture, et sont complètement relégués au second plan par l'auteur. Certes, nous sommes à Paradis, dans un monde où croiser des dinosaures est normal, mais pour un livre qui s'intitule Guerre et Dinosaures, j'aurais aimé que l'auteur s'attarde plus sur ces monstres qui restent important dans la culture de son monde.

Pour rester dans les dinosaures, l'auteur m'a complètement exaspéré avec son concept de livre des noms véritables : avant chaque chapitre l'auteur nous parle d'une espèce de dinosaure (ou d'un autre aspect de la culture de ce monde), et ce même dinosaure apparaît à coup sur dans ce même chapitre. J'ai trouvé ça extrêmement redondant mais, en même temps, on en a vraiment besoin de ces informations, car les dinosaures dans leur culture n'ont pas le même nom que celui que l'on connait... Du coup, même si on s'y connait en dinosaures, l'auteur nous perd complètement avec les surnoms qu'il leur donne.

L'histoire en elle même ne m'a pas spécialement convaincue non plus. Très classique, on suit deux sphères différentes : celle de Karyl, un maître dinosaure déchu après une trahison, qui va être chargé de créer une milice pour protéger les membres d'un culte controversé et leur royaume ; et la sphère royale rythmée par les guerres et les complots. Mais voila, leur histoire ne m'a absolument pas intéressée car je n'ai tout simplement pas réussi à m'attacher aux personnages. Ils sont tous tellement vulgaires et tellement survolés ! De plus, les deux sphères ne finissent même pas par se rencontrer. Il n'y a pas vraiment de fin d'ailleurs, celle-ci annonçant certainement une suite alors que j'étais persuadée que c'était un one shot.

Des guerres, vous en vivrez, des dinosaures, vous en croiserez, mais Victor Milan n'a pourtant pas su me transporter, la faute à une culture compliquée pour pas grand chose et à un style d'écriture qui se veut descriptif mais reste brouillon, s'attardant sur les mauvaises choses et rendant le récit très pénible à lire. S'il y a une suite, ce que semble induire la fin très ouverte et ne concluant rien, je ne pense vraiment pas la lire.

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mercredi 6 avril 2016

Le Journal de Mr Knightley - Amanda Grange

Le Journal de Mr Knightley - Amanda Grange

Revivez la fabuleuse histoire d’Emma de Jane Austen à travers le point de vue de Mr Knightley. Riche propriétaire terrien, le gentilhomme est à la fois amusé et exaspéré par sa jolie voisine, l’espiègle Emma Woodhouse. Pour occuper sa solitude, la jeune femme met à profit ses talents d’entremetteuse dont les conséquences désastreuses bouleversent la petite ville. Quand le séduisant Frank Churchill, objet de toutes les convoitises, s’établit à Highbury, Mr Knightley est dévoré par la jalousie…

Note : 3,5 / 5


Au Salon du Livre de Paris je suis passée sur le stand de Milady où, pour l'occasion, certains livres étaient à 2,99€, autant dire donnés. Une chouette occasion de me procurer ce livre qui m'intriguait depuis un moment. Emma étant l'un de mes Jane Austen préférés, j'en attendais beaucoup de ce journal et j'avais très peur qu'il ne soit pas à la hauteur. Ca ne vaut pas un Austen, mais j'ai passé un agréable moment de lecture.

A vrai dire, il ne faut surtout pas s'attendre à un Austen. Le livre étant sous forme de journal, le récit est extrêmement court et ne laisse pas la place aux descriptions. Le style n'est pas du tout le même, et pour cause : c'est sous le point de vue de Knightley que l'on redécouvre l'histoire.

J'ai d'ailleurs trouvé ça très intéressant d'avoir le point de vue d'un homme car Mr Knightley a de lourdes responsabilités (il doit gérer son domaine ainsi que plusieurs fermes) et a des préoccupations beaucoup moins frivoles que celles d'Emma. Il nous parle ainsi de la guerre, des problèmes de la ville et d'autres plus personnels. Cette approche très terre à terre m'a vraiment plu car on en apprend beaucoup sur leur époque et cela change du point de vue féminin et plutôt égoïste que l'on retrouve dans les livres de Jane Austen.

Bien entendu, l'histoire du Journal de Mr Knightley est exactement la même que celle de Emma, et c'est aussi pour cela que le style journal est appréciable car cette histoire, on l'a connait déjà. Aussi, Amanda Grange ne s'attarde pas sur les scènes très exploitées dans le livre original, mais essaye plutôt d'étoffer les scènes qui ne le sont pas. Je ne conseille cependant pas de lire le livre tout de suite après avoir lu Emma car il sera certainement ennuyeux. Ayant lu Emma il y a un moment, j'ai beaucoup apprécié me souvenir de l'histoire au fur et à mesure, mais je ne pense pas qu'il intéressera les personnes sortant tout juste du livre original.

Mr Knightley n'étant pas si présent que ça dans le livre original, Amanda Grange a eu la liberté de pouvoir ajouter pleins de scènes inédites comme des scènes du quotidien et toutes ces scènes qui montrent les responsabilités qu'a Mr Knightley. Ces scènes m'ont cependant parues un peu en décalage par rapport aux autres car je trouvais l'attitude des personnages trop moderne.

Amanda Grange a plutôt bien réussi à retranscrire le caractère de Mr Knightley selon moi, même si j'ai trouvé qu'il se rendait un peu trop vite compte de son amour pour Emma. J'ai vraiment aimé connaître son point de vue et lire ses commentaires sur tous ces personnages que l'on connaissait avant sous le point de vue d'Emma.

Amanda Grange a ainsi réussi un chouette hommage à Jane Austen et à ses personnages avec son Journal de Mr Knightley. On sent vraiment son amour pour ses oeuvres et son envie de donner aux fans de Jane Austen de nouveaux livres similaires à lire. Moi en tout cas j'ai adoré pouvoir redécouvrir ce charmant Mr Knightley et tomber à nouveau amoureuse.

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samedi 2 avril 2016

Jésus de Nazareth - Paul Verhoeven

Jésus de Nazareth - Paul Verhoeven

Avec RoboCop, Basic Instinct et Starship Troopers, l'oeuvre cinématographique de Paul Verhoeven a recueilli un large succès public et la reconnaissance de la critique. Cinéaste du divertissement hollywoodien et féroce satiriste, grinçant et provocateur, Verhoeven donne ici sa vision de Jésus : iconoclaste, irrévérencieuse et pleine de surprises. Depuis trente ans. Verhoeven ressent le besoin de faire un grand film sur Jésus, cet homme qui a bel et bien existé, ce leader politique, porteur d'une révolution morale inédite, qui a pris la défense des faibles contre toutes les hypocrisies de la société de son temps.
Amoureux du détail, conteur hors pair, érudit. Verhoeven peint dons cet essai biographique un portrait réaliste et enthousiaste de Jésus, un homme qui, avec ses paraboles, est parvenu à galvaniser les foules et à faire trembler les empires.

Note : 3,5 / 5


Merci à Babelio et aux éditions Aux Forges de Vulcain d'avoir fait découvrir cet ouvrage à mon chéri, car c'est sa critique que vous pouvez lire ci-dessous :

Jésus de Nazareth est un livre qui, avant même d'entrer dedans, interpelle. On ne sait vraiment pas à quoi s'attendre lorsqu'on voit que Paul Verhoeven, connu comme réalisateur de Robocop, Total Recall et Basic Instinct entre autres, a écrit un livre sur Jésus. 

Verhoeven était déjà connu pour être une figure très originale du cinéma hollywoodien, tenant rarement compte des codes établis pour ses réalisations. C'est pourquoi, la forme que prend Jésus de Nazareth d'un véritable traité de théologie est vraiment surprenante. Verhoeven délaisse ici le scénario et le trash par souci de véracité. Mais si Verhoeven dépeint sa vision du personnage de Jésus de manière extrêmement érudite, il n'en sort pas moins des sentiers battus. Toute sa recherche s'appuie sur les textes bibliques et ceux de divers théologiens de manière très précise, à l'exemple d'un essai universitaire. Cependant, le but de cette recherche n'est pas aussi conventionnel que la forme le laisse entendre. La volonté de Verhoeven est de retracer le portrait de l'homme qu'était Jésus, son livre se pose comme un travail de déconstruction des mythes chrétiens.

L'originalité de Jésus de Nazareth, outre les descriptions à la manière de plans cinématographiques qui rappellent la profession première de Verhoeven, vient du fait que c'est un essai de théologie entièrement rationnel. Ces deux approches semblent s'opposer, pourtant, elles s'harmonisent très bien dans le travail de Verhoeven. Ceci parce que la rationalisation du mythe de Jésus n'est pas fait dans le seul but de la réfutation. Par ce processus de déconstruction, Verhoeven entend retrouver la vérité sur l'homme qu'était Jésus. La recherche de Verhoeven s'effectue selon tout le respect qui semble être dû à l'étude d'une figure si importante. La rationalisation, puisqu'elle fait voir la vérité des faits, permet de sortir du domaine religieux pour entrer dans celui de l'histoire. Elle peut donc être bénéfique à la théologie qui ne relève plus exclusivement de la foi. Dans son ouvrage, Verhoeven authentifie les faits et dires de Jésus de la façon dont celui-ci l'entendait et non, comme c'est le plus souvent le cas, de la façon dont l'Eglise l'entend. C'est donc dans un souci d'authenticité et d'hommage à l'homme derrière le mythe que Jésus de Nazareth doit être compris. 

S'il y a quelque chose que Jésus de Nazareth détruit ce n'est pas le personnage de Jésus lui-même mais ce que l'Eglise en a fait. Supprimer l'aspect mythique de Jésus revient finalement à réfuter tout le travail herméneutique de l'Eglise. De par la façon dont Verhoeven parvient à retrouver les faits véridiques derrière leur romanisation, apparaissent les transformations successives que les faits ont subi. L'histoire est souvent critiquée comme ne pouvant être complètement objective, or, s'il y a une histoire presque entièrement subjective, c'est bien celle de la bible. Le simple fait qu'il existe quatre évangiles différents montre à quel point l'histoire originelle disparaît selon les points de vue de chaque évangéliste.

À cette première transformation des évangélistes se couple ensuite celle de l'Eglise chrétienne instaurant plus ou moins arbitrairement une interprétation unique de ces évangiles. Ainsi, Verhoeven explique chacun des miracles de Jésus comme un simple passage sous silence des vrais événements, moins attractifs que les récits surnaturels. Les actes les plus humains de Jésus ont été, de façon assez attendue, transformés afin d'être glorifiés. L'interprétation de la bible selon l'Eglise prend alors plus l'apparence d'une propagande que d'une recherche historique puisque les événements sont très souvent remaniés de façon à mieux correspondre à la morale chrétienne et être plus facilement utilisables. Jésus de Nazareth accompli en fait le travail de recherche historique et véridique que l'Eglise a abandonné, voire n'a jamais entrepris, trop aveuglée par sa volonté de convertir le plus grand nombre. Seulement, en agissant ainsi, c'est tout un pan de la pensée de Jésus qui a été évincé. Verhoeven n'a de cesse de rétablir la pensée de Jésus dans son intégralité et permet ainsi une meilleur approche et compréhension de celle-ci. Ce qu'il n'est pas possible de faire à partir des dogmes chrétiens erronés.

Verhoeven rend en fait davantage justice à Jésus que l'Eglise, il rétablit notamment l'aspect prophétique important de la pensée de Jésus. Celle-ci était entièrement fondée sur la future apparition du royaume de Dieu sur terre. Le jugement dernier tel qu'il est présenté comme relevant d'un futur lointain et incertain n'est pas celui décrit par Jésus qui était convaincu que la venue de Dieu sur terre était imminente. Si cette idée s'est avérée être évidemment fausse, elle permet d'éclaircir de nombreux points laissés en suspens par l'Eglise. La prophétie de Jésus étant fausse, l'Eglise a tout fait pour la camoufler derrière d'autres éléments souvent miraculeux comme la résurrection. Ceci sans se soucier des importantes mécompréhensions que cela pouvait engendrer.

Ainsi, l'ouvrage de Verhoeven, en rétablissant la vérité à propos de nombreux agissements de Jésus, opère plus qu'une démystification objective. Dans Jésus de Nazareth se trouve tout ce qui à été censuré dans la figure de Jésus et par là, la possibilité d'aborder sa pensée de façon, en un sens, plus approfondie que dans les Textes mêmes. Ce qui fait tout l'intérêt de Jésus de Nazareth c'est justement cet aspect de théologie qui est rationnelle tout en étant pieuse.